Les associations antitabac dénoncent la diminution, annoncée dans le dernier budget fédéral, du financement de la Stratégie fédérale de lutte contre le tabagisme.

Et elles accusent le gouvernement conservateur de se ranger dans le camp des compagnies de tabac.

Rob Cunningham, de la Société canadienne du cancer, a rappelé mardi que la stratégie fédérale avait un budget de 68 millions $ en 2006, à l'arrivée au pouvoir du Parti conservateur. Avec la dernière diminution annoncée dans le budget du 29 mars, le financement passe de 43 à 28 millions $.

«La stratégie fonctionnait bien. Ces réductions budgétaires nuiront aux progrès constatés dans la réduction du nombre de fumeurs», a-t-il prévenu en conférence de presse.

«Il est clair maintenant que les fabricants de tabac détiennent l'oreille et la faveur du gouvernement Harper. Ces coupures constituent un cadeau inespéré pour ces marchands de la mort», a renchéri Flory Doucas, de la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac, un des organismes qui ont orchestré une sortie publique commune mardi matin.

La disparition des 15 millions $ affectera les services fournis directement par Santé Canada, selon M. Cunningham. «Ils vont réduire la capacité pour la réglementation, l'application et la recherche à Santé Canada», a-t-il dit.

Et toutes les subventions fédérales accordées à divers groupes qui luttent contre le tabac s'envolent en fumée.

«L'Association pour les droits des non-fumeurs, la mienne, va perdre 40 pour cent de ses fonds, a expliqué Melodie Tilson. Ces fonds de Santé Canada nous ont permis d'alerter le public et le gouvernement des activités néfastes de l'industrie du tabac, de faire des recherches (sur) les avertissements sur les paquets (de cigarettes).»

La ministre fédérale de la Santé, Leona Aglukkaq, s'est défendue, dans un communiqué, de négliger la lutte contre le tabac. «Le programme antitabac actuel a dix ans. Il a fait ses preuves, mais il est temps d'apporter des changements ciblant les populations qui fument plus que la moyenne nationale», a-t-elle déclaré.

La ministre dit vouloir concentrer ses efforts sur les groupes où on retrouve un plus grand nombre de fumeurs. Elle cite les populations autochtones qui affichent un taux de 50 pour cent, comparé à la population générale où on trouve 17 pour cent de fumeurs, «un creux historique», a fait remarquer la ministre.