Bob Rae deviendra-t-il chef permanent du Parti libéral après avoir assuré l'intérim pendant plusieurs mois dans la foulée de la pire défaite électorale de l'histoire de cette formation politique?

Cette question était sur toutes les lèvres des militants libéraux, hier, à l'ouverture du premier congrès national du parti depuis le scrutin du 2 mai. Et le principal intéressé a soigneusement refusé d'écarter l'idée qu'il puisse briguer la direction du PLC une fois que la course au leadership sera bien engagée, au plus tard en 2013.

Peu probable il y a quelques mois à peine, l'idée que Bob Rae, âgé de 63 ans, puisse devenir le quart-arrière des libéraux aux prochaines élections, qui auront lieu dans quatre ans, fait quand même son chemin chez les militants libéraux.

Certains estiment que Bob Rae a permis au Parti libéral de remonter quelque peu la pente depuis la cinglante défaite du 2 mai et qu'il est la personne toute désignée pour poursuivre le travail.

« J'appuie tout à fait l'idée que Bob Rae puisse devenir chef permanent «, a confié à La Presse hier Marlene Jennings, ancienne députée libérale de Notre-Dame de-Grâce, qui est actuellement courtisée par le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, pour faire le saut en politique provinciale.

« Je n'ai pas d'objection [à ce qu'il devienne chef permanent]. Ce qu'il nous offre en ce moment, c'est de la stabilité. Il y en a qui ont d'autres idées. Mais l'important, c'est que le parti se renouvelle «, a affirmé pour sa part Bill Graham, ancien ministre des Affaires étrangères, qui a assuré l'intérim pendant quelques mois après le départ de Paul Martin en 2006.

À l'heure actuelle, les règles édictées par le comité de direction du Parti libéral stipulent que la personne qui occupe les fonctions de chef du parti de manière intérim ne peut être candidat dans une éventuelle course au leadership. M. Rae a accepté ces règles lorsqu'il est devenu chef par intérim en mai dernier. Mais ces règles pourraient être modifiées après l'élection d'un nouveau comité en fin de semaine.

Les quatre candidats qui briguent la présidence du Parti libéral en fin de semaine - Sheila Copps, Alexandra Mendes, Marc Crawley et Ron Hartling - sont tous favorables à ce que ces règles soient modifiées pour permettre à Bob Rae de briguer la direction du parti s'il le veut.

Interrogé à plusieurs reprises à ce sujet, hier, M. Rae n'a pas fait une croix définitive sur cette option.

« Je n'ai pas d'autres intentions que celles de continuer ce que je fais en ce moment. Si le parti a d'autres intentions, il devra les déterminer. En ce qui me concerne, je me concentre sur mon travail en ce moment. De toute manière, il n'y aura pas de course au leadership avant 2013. Nous avons beaucoup de temps devant nous et il faut nous concentrer sur ce que nous avons à faire «, a dit M. Rae.

Si Bob Rae devait se lancer dans la course, il ne serait vraisemblablement pas seul. Le député libéral d'Ottawa-Sud, David McGuinty, frère du premier ministre de l'Ontario, Dalton McGuinty, a indiqué hier qu'il songe sérieusement à briguer la direction du parti. Il arrêtera sa décision d'ici au printemps.

« J'y songe et c'est ma responsabilité d'y songer. Ça va être très important, selon moi, d'avoir une vraie course au leadership. Les gens veulent voir un nouveau départ «, a dit M. McGuinty à La Presse.

Il a soutenu que Michael Ignatieff avait été handicapé durant son règne parce qu'il avait été élu sans opposition.