La Fédération des policiers municipaux du Québec (FPMQ) réclame au gouvernement provincial 500 millions par année pour financer les corps de police municipaux. Par ailleurs, la Ville de Montréal demandera 30 millions à Québec pour son service de police, a appris La Presse.

«La forte majorité des contribuables sont victimes d'une iniquité sérieuse en matière de financement des services policiers et il est grand temps d'y mettre un terme», a déclaré hier le président de la FPMQ, Denis Côté, lors d'une conférence de presse à Montréal.

Le gouvernement du Québec subventionne uniquement les services de base des municipalités desservies par la Sûreté du Québec (SQ). Cette aide financière, qui s'élevait à 235 millions en 2010, couvre 47% du coût réel des services policiers, selon les chiffres de la FPMQ.

À l'opposé, les 103 municipalités qui ont leur propre corps de police - dont Montréal, Longueuil et Laval - paient la totalité des frais. Ces villes englobent 70% de la population.

«Les résidants de ces municipalités doivent contribuer aux différentes activités de leur service de police (avec l'impôt foncier) en plus de contribuer à la subvention gouvernementale de la SQ (avec leurs impôts)», a déploré M. Côté.

Pour bénéficier d'un traitement équitable, les villes qui ont leur propre corps de police devraient avoir droit à un fonds de 500 millions par année, selon Denis Côté.

La Ville de Montréal devrait toucher 200 millions de cette somme, estime le président de la Fraternité des policiers de Montréal, Yves Francoeur. Le budget du SPVM grimperait de 630 à 830 millions.

«Au net, c'est environ 60 millions que les Montréalais payent pour financer les services de police de base dans les villes couvertes par la SQ», a déploré Yves Francoeur, qui était avec Denis Côté lors de la conférence de presse.

Montréal veut 30 millions

Le responsable de la sécurité publique au comité exécutif de la Ville de Montréal, Claude Trudel, voit lui aussi une iniquité à l'égard de la métropole. Sa demande est toutefois plus modeste. Pour la deuxième année, la Ville réclamera plus de 30 millions au ministre des Finances aux consultations prébudgétaires, a-t-il dit à La Presse.

«Compte tenu de sa taille, Montréal est la seule ville du Québec tenue d'offrir un service de police de niveau 5, et ça coûte plus cher», a-t-il indiqué. Le SPVM doit notamment se spécialiser en gestion d'actes terroristes et en gestion de foule.

«L'an dernier, il n'y a pas eu de suivi à notre demande, a dit Claude Trudel. On demande que le gouvernement reconnaisse le travail spécialisé qu'on fait en vertu de sa loi.»

Chiffres contestés

L'Association des policiers provinciaux du Québec (APPQ), qui représente les policiers de la SQ, préfère attendre les résultats d'une étude sur le financement des corps de police avant de commenter les chiffres de la FPMQ.

Le Conseil des services policiers a commandé cette étude en 2009 pour analyser la situation. Du même souffle, Québec a décrété un moratoire sur l'intégration des corps de police municipaux à la Sûreté du Québec.

Jean-Guy Dagenais estime qu'il est normal que tous les contribuables payent pour financer la SQ. «Les corps de police municipaux demandent souvent l'assistance de la SQ, et les municipalités n'ont rien à payer pour ça», a-t-il dit. Le ministre de la Sécurité publique, Robert Dutil, a préféré attendre les résultats de l'étude sur le financement avant de commenter la situation.

Les accidents de la route font de moins en moins de victimes au Québec. Le nombre de personnes ayant péri dans des collisions mortelles sur le territoire de la Sûreté du Québec (SQ) a chuté de 36% entre 2006 et 2010. L'an dernier, le corps policier provincial a recensé 295 accidents de la route causant 334 décès. De ce nombre, l'on comptait 19 piétons. Quatre ans plus tôt, le nombre de collisions mortelles avait été de 466 et le nombre de décès de 525. Selon le capitaine Yves Bouchard, du Service de la sécurité routière et récréotouristique, c'est après avoir pris connaissance du bilan routier de 2006 que la SQ a décidé de rectifier sa façon de faire les choses. «Avant 2006, les patrouilleurs se fiaient davantage à leur intuition pour guider leurs interventions. À partir de 2006, on a décidé de travailler de façon plus ciblée: c'est-à-dire d'identifier les endroits problématiques où il y avait le plus d'accidents, les moments de la journée, les lieux où il y a des courses de rue», a-t-il expliqué hier en marge d'une conférence de presse sur le dernier bilan routier de la SQ.