Faute de pouvoir faire venir de l'équipement spécialisé de l'Ouest canadien, deux opérations de fracturation hydraulique que le tandem Questerre-Talisman avait prévues cet automne sont reportées au printemps prochain. Les opérations de Gastem-Canbriam pourraient subir le même sort.

«On a trois puits à fracturer dans la région de Saint-Hyacinthe, dit David Vincent, directeur de Gastem. Il est possible que nous les retardions. Nous n'avons pas pu nous entendre avec nos fournisseurs. Ça coûte plus cher qu'on pensait.»

Gastem subit les contrecoups de la décision de Talisman et Questerre, qui ont choisi le mois dernier de reporter au printemps la fracturation de deux puits dans Lotbinière, à Sainte-Gertrude et à Fortierville.

«Avec la décision de Talisman, on ne peut pas partager les frais, dit M. Vincent. Mais on est toujours en discussion avec Apache, une société qui a des projets au Nouveau-Brunswick.»

Selon Raymond Savoie, président du conseil de Gastem, la décision sera prise la semaine prochaine. «C'est encore faisable en novembre ou décembre», dit-il. Cependant, un report aurait l'avantage d'éviter des critiques alors que le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) reprendra ses audiences à la mi-novembre. «C'est sûr que ça pourrait être interprété de façon négative de faire une opération pendant les audiences du BAPE», dit M. Savoie.

M. Savoie ajoute que Gastem ira de l'avant comme prévu avec une fracturation dans l'État de New York, non loin de Cooperstown, à la fin de ce mois-ci.

De son côté, Michael Binnion, président de Questerre, a affirmé à La Presse que le report des projets de fracturation n'est pas lié au climat social et politique au Québec. «Le gouvernement soutient toujours le projet d'exploration, tout comme nous comprenons qu'il n'y aura pas d'exploitation sans acceptation sociale et sans réglementation appropriée», dit-il, en ajoutant qu'il n'y a «pas d'urgence».

Le report s'explique par le manque d'équipement, dit-il. «Actuellement, les équipements sont utilisés à pleine capacité dans l'Ouest. C'est trop cher d'attirer une équipe ici. Nous allons pouvoir nous reprendre au printemps, pendant la période de dégel là-bas, qui ne survient pas au même moment qu'ici.»

Le report de ces activités est à la fois «une bonne et une mauvaise nouvelle», selon Scott McKay, porte-parole du Parti québécois en matière de mines. Bonne nouvelle, car son parti souhaite un moratoire pour que les entreprises suspendent leurs activités. Mauvaise nouvelle, car elle prouve que le gouvernement «fait dérailler la locomotive» à cause de sa «gestion incompétente» du dossier.

«Si même l'industrie reconnaît qu'il n'y a pas urgence, qu'est-ce qui explique l'entêtement du gouvernement? demande-t-il. L'industrie préfère un environnement législatif et réglementaire clair et stable, mais le gouvernement de Mme Normandeau lui offre exactement le contraire.»

La ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau, n'était pas disponible hier.

- Avec Paul Journet