Approche «morcelée», stratégies «fragmentaires», manque d'information de qualité, absence de plan directeur; la gestion des programmes environnementaux du gouvernement fédéral comporte de nombreuses failles, constate le commissaire à l'environnement, Scott Vaughan.

«Le gouvernement n'est pas en mesure d'indiquer si les programmes fédéraux contribuent, ensemble, à protéger les grands écosystèmes du Canada contre le genre de dégradations qui sont signalées à l'échelle mondiale», a souligne M. Vaughan, dans un rapport déposé à la Chambre des communes, hier à Ottawa.

Les évaluations environnementales, notamment, posent problème. Si, dans l'ensemble, le commissaire constate que les organisations fédérales se sont conformées aux exigences de la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale, une révision des dossiers d'examens préalables a démontré d'importantes lacunes. «Dans la moitié des cas, les justifications ou l'analyse présentées ne permettaient pas d'établir si les effets environnementaux avaient été correctement pris en compte et si des mesures avaient été prises pour les atténuer», a souligné le commissaire en conférence de presse.

De plus, l'Agence n'a aucun moyen d'assurer la qualité des évaluations environnementales effectuées, faute d'avoir adopté des mesures en ce sens.

Le rapport note aussi que le gouvernement peine à informer adéquatement la population quant aux risques liés aux substances toxiques, comme le plomb et le mercure, encore présents dans divers produits de consommation.

Le ministre de l'Environnement, Jim Prentice, a indiqué en après-midi qu'il acceptait les recommandations du commissaire et qu'il avait déjà entrepris de remédier à certains manquements.

«Ce que le rapport confirme aujourd'hui, c'est que le gouvernement fédéral est incapable de dire si le système d'évaluation environnementale fonctionne au Canada, a pour sa part déploré le critique libéral en environnement, David McGuinty. Ils ne sont pas en mesure de produire des preuves, des chiffres sur l'efficacité du système.»

Le député du NPD, Thomas Mulcair, estime quant à lui qu'il s'agit d'un manque de volonté politique. «S'ils ne sont pas en train d'appliquer rigoureusement les lois environnementales existantes, c'est pour une bonne raison: c'est qu'ils n'y croient tout simplement pas», a-t-il lancé.

Le Canada a par ailleurs reçu hier, de la part de 400 organisations internationales, le prix du «fossile du jour» remis au pays le plus destructeur dans les négociations qui se tiennent présentement à Barcelone, dernière étape avant la Conférence sur les changements climatiques de Copenhague, en décembre.