Les prochaines heures seront déterminantes pour l'issue des négociations dans le secteur public, a soutenu, mercredi, le président de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Réjean Parent.

Malgré un budget fort mal accueilli par le Front commun des 475 000 employés des secteurs public et parapublic, le courant passe encore entre les négociateurs patronaux et syndicaux.

«Est-ce que le budget empêche la négociation? Non. Est-ce qu'on négocie? Oui. Est-ce qu'on va pouvoir aboutir si ça bouge de chaque côté? Oui. Est-ce qu'il y a des possibilités de règlement? Oui. Mais il faut que ça se matérialise aux tables dans les prochaines heures», a résumé M. Parent, lors d'une entrevue accordée à La Presse Canadienne.

Reste que le budget déposé mardi par le ministre des Finances, Raymond Bachand, ne va certes pas faciliter la suite des choses, a évalué le leader syndical.

Avec ses compressions annoncées dans le personnel des réseaux, ce budget est une «claque sur la gueule» pour les syndicats, selon M. Parent.

«On essaie de fermer une négociation et on nous rajoute des contraintes supplémentaires qui rendent l'aventure encore plus périlleuse», a-t-il soulevé.

Même si les négociations se poursuivent aux tables sectorielles, le rythme des pourparlers est beaucoup trop lent au goût du chef syndical. Il faudra que la présidente du Conseil du trésor, Monique Gagnon-Tremblay, envoie un nouveau signal pour accélérer la cadence, a-t-il dit.

«Les gens deviennent impatients aux tables», a laissé savoir M. Parent.

S'il est acquis que les négociations se poursuivront au-delà de l'échéance du 31 mars -jour de l'expiration du décret-, le Front commun pense toujours possible de boucler une convention collective négociée dans les premiers jours d'avril.

À cet égard, le Front commun sera en mesure dès jeudi soir de jauger les chances de succès de la négociation, a dit M. Parent.

«Demain soir, (jeudi) on va voir si nos tables sectorielles ont pu décoller et si c'est le cas, il va y avoir du travail en fin de semaine. Pour la table centrale, ce sera au début de la semaine prochaine. Mais là, c'est de la futurologie», a-t-il commenté.

De fait, il est particulièrement hasardeux de prédire quelle allure prendra la négociation à la table centrale alors que les parties sont à des années lumière d'un point de rencontre sur le plan salarial.

Québec propose une hausse de la rémunération -salaire et avantages sociaux- de 7% sur cinq ans. Les syndicats, à la recherche d'un rattrapage, demandent des augmentations de salaire de 11,25% sur trois ans. L'écart dépasse les 5 milliards $, selon le Conseil du trésor.

Pour parvenir à un accord, chaque côté devra faire un pas, a convenu le président de la CSQ.

«C'est sûr que le Front commun ne règlera pas sur la base de la proposition salariale gouvernementale et j'ai compris que le gouvernement ne règlera pas sur la base de notre demande. Alors il y a du travail qui se fait, il y a des scénarios qui se dessinent pour voir comment répondre aux principes des uns et des autres», a-t-il dit.

Lors d'un court point de presse en avant-midi à l'Assemblée nationale, Mme Gagnon-Tremblay a refusé d'ouvrir son jeu et a plutôt défendu l'offre patronale déposée l'automne dernier.

«Quand nous avons fait nos offres aux syndicats, on évaluait à ce moment-là notre taux de croissance à 3,2% alors que maintenant, notre taux de croissance a été revu 2,9% et nous maintenons quand même notre offre salariale», a déclaré la présidente du Conseil du trésor.