Un éducateur sur deux travaillant dans les centres d'hébergement a été victime de violence physique de la part des jeunes, en moyenne une fois par semaine. La situation est si critique que le tiers des éducateurs a carrément pensé à quitter la profession.

C'est la conclusion-choc d'un sondage réalisé par le Regroupement des syndicats des éducateurs-CSN, auprès de 700 éducateurs de 10 centres jeunesse. Les instances syndicales jettent ainsi un pavé dans la mare en pleine ronde de négociation des conditions de travail.Les éducateurs subissent de la violence physique, donc, mais aussi psychologique. La quasi-totalité des éducateurs sondés (92%) ont dit avoir été victimes de violences psychologique ayant trait à leur intégrité physique, comme des menaces, des insultes sexualisées, et ce, en moyenne quatre fois par semaine. Les éducateurs sont aussi fréquemment témoin d'actes de violence sans être nécessairement impliqués.

En combinant les réponses, on peut en conclure que les éducateurs oeuvrant en centre d'hébergement sont victimes ou témoins d'actes de violence physique ou psychologique en moyenne 28 fois par semaine. Résultat: le tiers d'entre eux a pensé à changer de boulot. Un tiers d'entre eux peine aussi à recenser des «réussites marquées» dans leurs interventions.

«La violence est omniprésente, dit Jean-François Landry, du Syndicat des travailleurs du centre jeunesse de la Montérégie. Et la réalité est la même, partout, dans tous les centres.»

Mais cette violence n'est-elle pas inévitable, compte tenu de la clientèle difficile? «C'est sûr qu'on s'attend à être confronté à des comportements violents. Mais faut-il banaliser la violence pour autant?» se demande M. Landry. Lui-même éducateur, il tient à souligner que les jeunes hébergés en centre sont loin d'être tous violents. «Il ne faut pas les mettre tous dans le même panier.»

Des résultats peu surprenants

Du côté patronal, on n'est pas surpris des résultats. Une étude similaire réalisée en 2004 chez les éducateurs oeuvrant avec les clientèles plus jeunes, avait donné les même résultats. «La violence est difficilement évitable. On traite 70 000 signalements par an. Les jeunes hébergés ont vécu des situations très difficiles. Et on a aussi une bonne clientèle de jeunes contrevenants», explique Benoit Ladouceur, conseiller en ressources humaines à l'Association des centers jeunesse du Québec. «Mais il ne faut pas se résigner à la violence pour autant.»

Des solutions? Le syndicat met de l'avant certaines pistes: réduction du nombre de jeunes dans les unité, baisse des ratios dévolus à chaque éducateur. Dès septembre, les éducateurs travaillant en centre recevront une formation obligatoire sur les comportements à risque, souligne Benoit Ladouceur.