À une dizaine de jours de l'échéance de leurs conventions collectives, environ 75 000 employés du secteur public ont envahi les rues de Montréal cet après-midi pour exiger de meilleures conditions de travail. C'est dans une ambiance survoltée que les enseignants, infirmières, fonctionnaires et autres salariés de l'État ont manifesté pour faire aboutir les négociations sur leur prochain contrat de travail.

Lors de la manifestation, les dirigeants des centrales syndicales qui font front commun dans la négociation se sont montrés ouverts à l'appel lancé par la présidente du Conseil du Trésor. Hier, Monique Gagnon-Tremblay a appelé le «Front commun SISP-CSN-FTQ», qui représente 475 000 employés du secteur public, à entreprendre un «blitz de négociations» dès ce lundi.

«Nous accueillons favorablement l'invitation», a lancé la présidente de la Confédération des syndicats nationaux (CSN) Claudette Carbonneau, en marge du rassemblement. «On doit négocier. C'est une question de survie. À la fois pour le secteur public et pour la population.»

Elle affirme que les centrales syndicales souhaitent parvenir à une entente avant le 31 mars, date à laquelle les conventions collectives vont expirer. «Mais il va falloir que ce soit pour plus que ça, a-t-elle précisé. Les négos ont piétiné un certain temps. On va y mettre tous nos effort et toutes nos énergies, mais le seul moyen d'y arriver, ça va être d'offrir de bonnes conditions.»

Guerre de chiffres

Le président de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), Michel Arsenault, estime de son côté qu'un règlement dans les dix prochains jours est réaliste. Il dit que le gouvernement est «toujours de bonne foi» lorsqu'il se présente aux tables de négociation. Selon son analyse, les pourparlers achoppent principalement sur la question du rattrapage salarial.

«Le gouvernement nous offre 6,5% alors que l'on demande 13,25%», a-t-il expliqué. «Si on acceptait l'offre salariale du gouvernement, les travailleurs de l'État s'appauvriraient de 8,5% dans les cinq prochaines années. Déjà qu'ils se sont considérablement appauvris dans les cinq dernières comparativement aux employés du secteur privé, qui sont allés chercher, en moyenne, des augmentations de 3% par année. Dans le secteur public, l'augmentation n'a été que de 0,1%, 0,2% environ par année.»

Hier, Monique Gagnon-Tremblay a indiqué qu'elle ne disposait pas des budgets nécessaires pour répondre aux exigences des syndicats.

«Actuellement, c'est 2,3 milliards $ qu'on a sur la table. Les demandes syndicales sont de l'ordre de 5 milliards $. Je suis incapable d'aller dans ce sens-là. On ne les a pas ces 5 milliards $. Il faut que chacun bouge», a-t-elle déclaré au quotidien Le Soleil.

De son côté, Claudette Carbonneau chiffre plutôt les demandes syndicales à 3,2 milliards de dollars.