Le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, reproche au gouvernement Harper d'entretenir la confusion au sujet de son plan pour relancer l'économie dans la foulée de la perte record de 129 000 emplois en janvier.

Le chef libéral a soutenu que le premier ministre et ses principaux ministres avaient tenu des propos contradictoires au cours des derniers jours sur les intentions du gouvernement si les mesures contenues dans le dernier budget s'avèrent insuffisantes pour donner du tonus à l'économie, en récession depuis le dernier trimestre de 2008.

 

Commentant les dernières données qui démontrent que le taux de chômage a bondi de 6,6% en décembre à 7,2% en janvier, le premier ministre Stephen Harper a affirmé vendredi que son gouvernement n'avait pas l'intention d'adopter d'autres mesures dans l'immédiat pour atténuer les effets de la récession, malgré les demandes des trois partis de l'opposition.

Quelques heures plus tard, le ministre des Finances, Jim Flaherty, a affirmé au contraire qu'il n'écartait pas l'idée de présenter de nouvelles mesures pour stimuler l'économie si cela était nécessaire à l'avenir.

Puis dimanche, le secrétaire parlementaire de M. Flaherty, Ted Menzies, a tenté de corriger le tir en affirmant que le budget, qui prévoit des dépenses de près de vingt milliards au cours des deux prochaines années pour relancer l'économie, ne sera pas modifié, mais que de nouvelles mesures seront envisagées si l'économie canadienne continue de perdre des plumes.

Le dernier budget prévoit un déficit de 34 milliards de dollars pour l'exercice financier 2009-2010 qui commence le 1er avril et 30 milliards de dollars pour l'exercice suivant. En 2008-2009, le déficit sera de 1,1 milliard de dollars, le premier en 12 ans.

Aux Communes, hier, le chef libéral a invité le gouvernement conservateur à faire preuve de plus de cohérence.

«Nous avons perdu 129 000 emplois en janvier. Les faillites personnelles ont augmenté de plus de 50% en décembre. Vendredi, le premier ministre a affirmé qu'il n'y aurait plus d'aide pour les Canadiens même si l'économie continue à se détériorer. Puis, son ministre des Finances a dit exactement le contraire. Quelle est la version que les Canadiens peuvent croire?» a demandé M. Ignatieff.

En l'absence du premier ministre des Communes, hier, le secrétaire parlementaire Ted Menzies a soutenu que le message du gouvernement était fort simple: «Le ministre des Finances a affirmé que si l'économie continue à péricliter, le gouvernement ne va pas abandonner les Canadiens. Le premier ministre faisait allusion au fait qu'il ne va pas accepter d'amendement au budget. Il est très important que nous adoptions le budget de manière à pouvoir aider les Canadiens.»

Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a soutenu hier que le discours du gouvernement Harper sur la question de l'économie ressemble à de l'improvisation depuis quelques mois.

«Durant la campagne, ils nous disaient qu'il n'y avait pas de crise en vue. Il n'y avait pas de récession, pas de déficit. Tout d'un coup, voyant qu'ils risquaient de perdre le pouvoir, ils ont changé leur fusil d'épaule. M. Flaherty vient nous dire maintenant que ça prendrait peut-être d'autres mesures tandis que M. Harper dit non, ça n'en prendra pas d'autres. C'est très difficile à suivre. Je pense qu'il y a une bonne dose d'improvisation dans tout cela», a dit M. Duceppe.

En soirée, Dimitri Soudas, un proche collaborateur du premier ministre, a répliqué à ces attaques en accusant l'opposition de tergiverser, soulignant que le Parti libéral a voté en faveur du budget.

«Il y a à peine quelques jours, les libéraux ont appuyé le budget. Le premier ministre et le gouvernement se concentrent sur la mise en oeuvre de ce plan économique. Pendant ce temps, chaque jour, l'opposition hésite et tergiverse. L'opposition demande quelque chose de différent chaque jour. Un budget libéral contiendrait des dépenses permanentes, mais aucune réduction du fardeau fiscal ou des mesures pour la classe moyenne», dit M. Soudas.