La formation de la main-d'oeuvre et les mesures pour maintenir les retraités sur le marché du travail seront une partie importante du premier budget d'Eric Girard, qui sera déposé le 21 mars à l'Assemblée nationale.

Selon les informations réunies par La Presse, le budget ne devrait pas lever le voile sur des baisses d'impôts qui s'ajouteraient à celles qui ont déjà été promises par la CAQ en campagne électorale. Hier, le premier ministre Legault a rappelé l'engagement de son parti à «remettre de l'argent dans le portefeuille des familles», mais a rappelé que les décisions du budget se trouvaient dans le cadre financier déjà soumis par la CAQ.

En décembre dernier, dans Le point sur la situation économique et financière du Québec, le gouvernement s'était engagé à alléger le fardeau fiscal de 1,7 milliard sur cinq ans. Le premier ministre François Legault avait parlé alors de «début» en attendant «le vrai budget, le gros budget» de la fin de l'hiver.

Un effort particulier sera fait pour hausser le financement des soins à domicile, a-t-il prévenu hier - des mesures avaient déjà été annoncées en décembre. On parle de 200 millions de plus par année. En coulisses, on indique que le gouvernement peut saupoudrer beaucoup de millions dans des initiatives particulières - les surplus sont au-delà de 4 milliards - mais qu'il restera méfiant à l'égard des dépenses récurrentes, susceptibles d'accroître la pression en cas de ralentissement de l'économie.

Aussi, l'engagement de retourner aux municipalités l'équivalent de 1% de la taxe de vente du Québec - plus de 1 milliard - devra attendre la renégociation du pacte fiscal avec les municipalités, en septembre prochain. On ne doit pas s'attendre non plus au plan détaillé de la revue de mandat à Investissement Québec, qui devrait être rendue publique en avril. La grande réflexion promise sur le Fonds vert n'est pas terminée non plus, on se contentera de mesures particulières.

Globalement, François Legault donne le signal que «tout ne pourra être réalisé la première année». Des mesures seront étalées sur deux ans.

Mais dans ses interventions derrière les portes closes, le ministre Girard était, confie-t-on, particulièrement intéressé par les mesures susceptibles d'accroître la productivité du secteur privé.

Une partie relève de l'investissement des entreprises; des gestes ont déjà été faits lors de la publication de la synthèse des finances publiques, début décembre. Un autre volet vise à favoriser l'adéquation entre le marché du travail et la main-d'oeuvre disponible. Ici, plusieurs initiatives sont à prévoir.

Pénurie de main-d'oeuvre

Dans ses entretiens avec ses collègues, le nouveau sous-ministre aux Finances Pierre Côté a souligné aussi, indique-t-on, que la main-d'oeuvre et la formation auraient une place importante dans le prochain budget. La pénurie de main-d'oeuvre, qui frappe partout sur le territoire, a allumé plusieurs voyants sur le tableau de bord du ministre des Finances.

Un autre volet actif aux Finances : les crédits d'impôt aux travailleurs âgés ou «d'expérience». Plusieurs groupes de pression ont réclamé des bonifications importantes au crédit d'impôt actuel - actuellement, un travailleur de plus de 65 ans peut gagner 11 000 $ (en plus d'une première tranche générale de 5000 $) avant de payer de l'impôt sur ce revenu de travail. Le dernier budget Leitão accordait 3000 $ aux travailleurs de 61 ans, et augmentait de 1000 $ l'exonération des 62 ans.

Lors de la publication du Point en décembre dernier, M. Legault et son ministre Girard, lors du point de presse, s'étaient engagés à mettre en place des mesures pour ces travailleurs âgés. Le gouvernement avait alors annoncé un crédit d'impôt remboursable, de 200 $, pour les gens de plus de 70 ans, une mesure sociale plutôt qu'économique. «J'ai beaucoup été interpellé par le cri du coeur de retraités à bas revenus. Je veux dire à ces retraités que je vous ai entendus et qu'on va vous venir en aide rapidement», avait déclaré M. Legault.

En privé, lors des rencontres avec les groupes et les associations, M. Girard était visiblement réceptif à ces demandes. Au surplus, le nouveau sous-ministre Pierre Côté était responsable de ces questions au Ministère, avant sa promotion.