Une commission parlementaire doit vite entendre le directeur général des élections (DGEQ) pour discuter de l'usage des données personnelles des Québécois par les partis politiques, soutient le Parti libéral.

Le député Marc Tanguay a écrit au président de la Commission des institutions, le caquiste André Bachand, lundi, pour qu'il invite le DGEQ Pierre Reid à exprimer ses préoccupations.

En entrevue, M. Tanguay juge qu'il est temps pour les parlementaires de donner suite aux nombreux appels à la réforme lancés par Me Reid au cours des derniers mois.

« Les citoyens sont préoccupés, c'est clair, a-t-il dit. Moi, je le suis, comme citoyen. »

« Je ne veux pas que des partis politiques ou des institutions aient n'importe quelle information. Je veux savoir ce qu'ils ont sur moi. Comment et où ont-ils obtenu l'information ? Est-ce que je peux faire retirer les informations ? Est-ce qu'on peut les encadrer ? Et comment cette information est-elle protégée ? »

TVA a rapporté cette semaine que la Coalition avenir Québec avait obtenu des renseignements de plusieurs centaines de Québécois par leur compte Facebook. Lors d'une entrevue avec La Presse l'été dernier, la directrice générale du parti avait pourtant affirmé que la formation politique ne colligeait pas d'information sur l'électorat à partir des réseaux sociaux.

Le Parti québécois a lui aussi utilisé Facebook pour permettre à ses bénévoles de se connecter à son portail web. Le parti assure toutefois n'avoir jamais utilisé cette fonctionnalité pour recueillir des données personnelles.

Selon Marc Tanguay, cela démontre que les parlementaires doivent réfléchir à la manière d'encadrer les formations dont ils sont issus.

« Ce n'est pas bon pour personne, aucun parti politique, s'il y en a qui sont un peu plus cow-boys avec les renseignements personnels, a-t-il dit. C'est important qu'on se dise socialement ce qu'on autorise les partis à détenir comme information. Je pense que plus de transparence de tout le monde, ce sera un pas dans la bonne direction. »

Long combat

Depuis 2013, le DGEQ réclame une modification législative pour encadrer l'utilisation des renseignements sur les citoyens par les partis politiques. Dans la foulée du scandale Facebook-Cambridge Analytica, le gouvernement libéral a présenté un projet de loi qui devait lui permettre d'enquêter sur l'usage des mégadonnées par les partis. La pièce législative est morte au feuilleton, faute de consensus à l'Assemblée nationale.

Me Reid a depuis présenté un nouveau rapport qui, sondage à l'appui, révèle qu'une écrasante majorité de Québécois souhaitent un meilleur encadrement des partis.

La Commission d'accès à l'information (CAI) s'est également mêlée du dossier. Cette semaine, sa présidente a appelé Québec à serrer la bride aux partis politiques et à faire en sorte qu'ils soient supervisés par une entité indépendante. Selon un rapport interne de cet organisme, révélé par La Presse hier, ils possèdent tellement de renseignements sur les électeurs qu'ils mettent en cause le « caractère confidentiel et secret du vote en démocratie ».

La ministre Sonia LeBel, qui est responsable du Secrétariat à l'accès à l'information et à la réforme des institutions démocratiques, a accueilli avec « ouverture » les recommandations de la CAI, tout comme celles du DGEQ, a indiqué sa porte-parole Nicky Cayer.

« Toutefois, une réflexion plus large s'impose non seulement pour circonscrire les problématiques, mais aussi pour discuter avec toutes les parties prenantes », a-t-elle indiqué dans une déclaration écrite.

Mme LeBel rencontre le DGEQ aujourd'hui pour discuter de la réforme du mode de scrutin. Elle compte profiter de ce face à face pour aborder la protection de la vie privée.