Les membres d'une commission parlementaire de l'Assemblée nationale décideront jeudi s'ils se pencheront ou non sur les pesticides. « C'est là où on va voir si c'est un gouvernement de convictions ou de marionnettes », selon le Syndicat des professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ).

Cette demande de commission parlementaire provient de l'opposition péquiste dans la foulée de l'affaire Louis Robert, cet agronome du ministère de l'Agriculture congédié en janvier pour avoir dénoncé l'influence indue de l'industrie des pesticides sur la recherche.

Le SPGQ, qui exige la réintégration de son membre, réclame également cette commission parlementaire pour permettre à tous de s'exprimer, sans être menacés, sur les risques que posent les pesticides sur la santé et l'alimentation.

Dans une entrevue avec La Presse canadienne publiée dimanche, le président du SPGQ, Richard Perron, a affirmé que l'affaire Louis Robert a été un déclic pour lancer une « profonde réflexion dans la population québécoise, qui s'aperçoit qu'on étend trois fois plus de pesticides par mètre carré au Québec qu'en Ontario ».

Il a dit constater un grand intérêt et une indignation chez des gens qui ne lui parlent jamais de politique et qui sont pourtant au courant du sort de Louis Robert. Selon lui, la population réalise que l'histoire de M. Robert est « la pointe de l'iceberg, il y a un gros iceberg en dessous de ça. »

Le cas Robert est un cas « tellement important pour la capacité des professionnels du gouvernement d'alerter la population quand sa santé et sa sécurité sont mises en danger », un cas qui va commander « tout le système de représailles pour la suite des choses », a-t-il poursuivi.

Les commissions parlementaires sont souveraines et ont le loisir de choisir leurs mandats d'initiative, sauf que les députés du gouvernement sont majoritaires et peuvent donc accepter ou écarter un mandat en votant en bloc. Jeudi, les élus de tous les partis teindront une séance de travail pour trancher.

Jeudi dernier, le gouvernement Legault a refusé de confirmer l'appui de ses élus à la demande de l'opposition péquiste.

Cette décision aura donc valeur de test pour le gouvernement, selon M. Perron. « C'est là où on va voir si c'est un gouvernement de convictions ou de marionnettes, c'est un grand test de crédibilité », a-t-il dit, dans l'éventualité où les élus caquistes font bloc pour s'opposer à ce mandat.

La semaine dernière, l'Union des producteurs agricoles (UPA) a reconnu qu'il existe un « lobby des pesticides » avec des « intérêts financiers énormes ».

Dans une entrevue avec La Presse canadienne, le président de l'UPA, Marcel Groleau, avait indiqué que ce lobby n'est peut-être pas « omniprésent », mais le gouvernement doit s'assurer qu'il ne s'ingère pas dans les processus décisionnels.

Un tout récent rapport du ministère de l'Environnement constate une « augmentation significative » de la présence de pesticides dans les rivières du Québec. À titre d'exemple, en 2001, on détectait du glyphosate dans 38 % des prélèvements, alors qu'en 2017, on atteignait 97 %.

Mardi, le SPGQ organise aussi une manifestation en appui à Louis Robert. Les participants marcheront du ministère de l'Agriculture jusqu'au bureau du premier ministre, à Québec.

Le SPGQ s'est aussi allié avec des syndicats d'autres provinces pour convenir d'une déclaration commune en appui à son membre.

En plus de la pétition déjà en ligne qui en était à plus de 27 000 signatures dimanche, une version anglaise de la pétition devrait être diffusée bientôt.