Le désaveu remarqué de Michaëlle Jean par les gouvernements Legault et Trudeau avait un prix. Québec et Ottawa estiment avoir l'engagement de la nouvelle direction de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) : son «numéro 2», l'administrateur de l'organisme, viendra du Canada.

Parce qu'ils savaient pertinemment que la présidente de l'OIF, la Rwandaise Louise Mushikiwabo, ne retiendrait pas la candidature de la déléguée générale du Québec à Paris, Line Beauchamp, les gouvernements ont mis de l'avant un deuxième choix pour cette fonction délicate à Paris. 

La candidature de Mme Catherine Cano, longtemps cadre à Radio-Canada, à RDI, puis, plus récemment, patronne de CPAC à Ottawa, est proposée. Mme Cano a brièvement touché à la politique - elle a fait partie de l'équipe de communications du PLC au Québec à l'époque de John Turner, dans les années 80.

Des engagements, mais...

Ces tractations illustrent la précarité de la position de Québec et d'Ottawa dans ce marché. Les deux gouvernements avaient accepté de retirer simultanément leur appui à Michaëlle Jean avant même la tenue de l'élection au poste de secrétaire de l'Organisation internationale de la Francophonie. Mme Jean, faisant fi de tous les conseils, s'était tout de même entêtée à se rendre au vote au Sommet de la Francophonie à Erevan, en octobre dernier. Un test inusité - ces dirigeants sont généralement choisis par consensus -, auquel Mme Jean a échoué. Mme Mushikiwabo avait depuis mai, faut-il le rappeler, l'appui, déterminant, de la France et d'Emmanuel Macron.

Des sources politiques à Ottawa se disent convaincues que la direction de l'OIF n'aura pas le choix : le numéro 2, l'«administrateur» de l'OIF, devra venir du Canada. En coulisses, toutefois, on rappelle que ces ententes restent verbales, des engagements tacites qui ne sont pas couchés par écrit.

Retour de Michaëlle Jean

Selon les informations obtenues, l'avenir de Mme Jean, ex-gouverneure générale du Canada, reste incertain. On lui a proposé la direction d'une chaire à l'Université d'Ottawa ou un poste à la délégation du Canada à l'ONU. Toutefois, son entêtement à rester en lice en dépit des demandes explicites d'Ottawa et de Québec a laissé des traces.

Des sources proches de Line Beauchamp indiquent que celle-ci compte rentrer au pays ce printemps. Avec son conjoint, elle a acheté une maison à Saint-Bruno.

Le gouvernement Legault semble n'avoir toujours pas déterminé qui la remplacerait à la Délégation générale de Paris, un poste convoité. M. Legault tiendrait à ce qu'une femme issue du milieu des affaires soit choisie. Christiane Germain, du Groupe Germain, avait accepté le poste avant de se raviser rapidement. Mme Germain se trouvait dans le premier cercle des Montréalais faisant partie du groupe de réflexion mis en place par François Legault en 2011 pour préparer l'arrivée de la CAQ. La seule autre femme de ce groupe était Mélanie Joly, future candidate à la mairie de Montréal, devenue par la suite ministre à Ottawa.

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Catherine Cano