Le gouvernement du Québec a déjà reçu plus de 91 000 déclarations d'intérêt de ressortissants étrangers dans son nouveau système d'immigration mis en service il y a six mois. Celles-ci doivent toutefois être renouvelées chaque année afin de rester actives.

Avant le 2 août dernier, un ressortissant étranger qui souhaitait immigrer au Québec et obtenir son certificat de sélection (CSQ) déposait un dossier de candidature au ministère de l'Immigration. Une fois les frais exigibles payés, le ministère évaluait ces demandes en suivant un principe du premier arrivé, premier servi. Le délai de traitement moyen d'un dossier était de 36 mois.

Or, depuis une réforme du précédent gouvernement libéral le 2 août dernier, les personnes intéressées à s'établir au Québec doivent déposer gratuitement une déclaration d'intérêt dans un système nommé Arrima. Le ministère invite alors les candidats dont le profil socio-économique correspond aux besoins du marché de l'emploi à entamer les procédures officielles.  

En date du 11 février dernier, Québec avait déjà reçu 91 307 déclarations d'intérêt. «Ce sont 1124 déclarations» qui ont d'ailleurs été déposées depuis l'annonce d'une réforme de l'immigration par le ministre Simon Jolin-Barrette, la semaine dernière. À ce jour, le gouvernement n'a envoyé aucune invitation à des candidats du système Arrima pour qu'ils entament les procédures d'immigration officielles.

À terme, le gouvernement Legault souhaite ramener le délai de traitement à six mois entre les invitations qu'enverra le ministère aux candidats du système Arrima et la fin de l'évaluation de leur dossier.

«Moins de coeur que Stephen Harper»

C'est notamment pour réduire ce délai de traitement que le ministre de l'Immigration, Simon Jolin-Barrette, a déposé la semaine dernière une réforme du système d'immigration dans laquelle il a mis fin à quelque 18 000 dossiers qui n'avaient toujours pas été traités dans l'ancien système.  

Depuis une semaine, M. Jolin-Barrette est la cible des partis d'opposition, qui ont notamment qualifié son approche d'inhumaine et cruelle.

«Pourquoi anéantir les rêves des gens qui ont déposé [une demande d'immigration dans l'ancien système]? Pourquoi cesser de traiter les dossiers avant l'adoption [de votre réforme sur l'immigration]? Stephen Harper, lui, a attendu. Pourquoi avoir moins de coeur que Stephen Harper?», lui a demandé jeudi au Salon bleu le leader parlementaire libéral Sébastien Proulx, faisant référence à une réforme de l'immigration pilotée par l'ancien gouvernement fédéral conservateur.  

«S'il y a des gens qui n'ont pas eu de coeur au cours des 15 dernières années, c'est bien le Parti libéral du Québec. On pourrait faire la litanie des actions que vous avez posées qui ont fait mal à la population», a rétorqué, piqué au vif, le ministre Jolin-Barrette.  

Plus tôt cette semaine, le gouvernement Legault a annoncé que le ministère de l'Immigration contacterait les 18 000 soumissionnaires dont les dossiers ont été annulés pour leur expliquer le fonctionnement du nouveau système Arrima.  

«Pour les gens qui sont déjà sur le territoire québécois, qui parlent français et qui sont en emploi depuis 12 mois sur [un total de] 24 mois, ils ont [déjà] une voie rapide à laquelle ils peuvent adhérer. C'est le système d'expérience québécoise», a d'ailleurs précisé le ministre Jolin-Barrette plus tôt cette semaine.

En vertu de ce programme, a-t-il dit, les demandeurs qui remplissent les exigences requises par le ministère obtiennent leur certificat de sélection du Québec (CSQ), nécessaire à l'obtention de la résidence permanente, en 20 jours ouvrables.