La réforme du système d'immigration du gouvernement Legault continue de faire des remous. Le cabinet du ministre Simon Jolin-Barrette a confirmé lundi qu'environ 3700 des 18 000 dossiers non traités qui avaient été présentés dans le cadre du Programme régulier des travailleurs qualifiés, et qui ont été annulés par le projet de loi 9 déposé la semaine dernière, provenaient de travailleurs temporaires qui résidaient déjà au Québec au moment du dépôt de leur demande.

Considérant un ratio moyen de 1,5 individu par dossier, cela indique qu'un peu moins de 5600 personnes séjournaient au Québec en vertu d'un permis de travail temporaire (octroyé par le gouvernement fédéral) lorsqu'ils ont entamé les procédures officielles afin d'avoir leur certificat de sélection du Québec (CSQ) pour obtenir leur résidence permanente.

Une première version de ce texte mentionnait un ratio de 2,5 individus par dossier pour un total de 10 000 personnes concernées. Ce chiffre, qui avait été fourni par Québec, était toutefois erroné et a depuis été corrigé à 1,5 individu par dossier.

Combien sont toujours présents?

À l'heure actuelle, le gouvernement du Québec ne sait pas dans quelle proportion les travailleurs temporaires dont le dossier d'immigration était en attente sont toujours sur le territoire. En raison de la lenteur du traitement de leur demande (en moyenne de 36 mois), certains pourraient même avoir immigré ailleurs, justifie-t-on lundi au gouvernement Legault.  

Les candidats à l'immigration dont le dossier a été annulé la semaine dernière doivent désormais présenter une déclaration d'intérêt sur le site internet du ministère de l'Immigration. Québec souhaite faire passer de 36 à 6 mois le délai de traitement des personnes qui seront invitées par le ministre à entamer la procédure officielle afin d'obtenir un CSQ.

Cette nouvelle procédure ne change toutefois rien au statut légal des travailleurs temporaires actuellement au Québec, puisque ces personnes résident sur le territoire en vertu d'un permis de travail temporaire délivré par Ottawa, a précisé lundi Marc-André Gosselin, attaché de presse du ministre Jolin-Barrette.  

Le gouvernement Legault invite entre temps les travailleurs temporaires toujours présents au Québec à rapidement déposer leur déclaration d'intérêt sur le site du ministère, a rappelé M. Gosselin.  

Du côté de l'opposition, la critique du Parti libéral en matière d'Immigration, Dominique Anglade, a exigé la fin de semaine dernière que Québec fasse marche arrière et évalue les 18 000 dossiers non traités plutôt que de les annuler.  

«Le 29 janvier dernier, le premier ministre avait pourtant promis que ces 18 000 dossiers seraient traités. François Legault doit tenir parole et rappeler à l'ordre son ministre de l'Immigration. Le gouvernement doit faire marche arrière et revenir sur sa décision cruelle d'abandonner ces personnes. Ce sont des mères, des pères, des enfants et d'honnêtes travailleurs qui sont en attente d'un statut, ils sont parfois déjà bien établis au Québec et ils se font balayer le projet d'une vie du revers de la main par le gouvernement», a-t-elle déclaré.