Le gouvernement Legault a nommé une employée du premier ministre à un prestigieux poste diplomatique à New York même si « plusieurs » autres candidats auraient été qualifiés pour l'emploi, a reconnu mercredi la ministre des Relations internationales, Nadine Girault.

Dans l'opposition, la Coalition avenir Québec a souvent dénoncé les nominations partisanes, accusant à maintes reprises le gouvernement libéral, l'accusant de favoriser ses « petits amis ».

Or, a reconnu Mme Girault mercredi, la nomination de Catherine Loubier au poste de déléguée générale à New York relevait lui aussi d'un choix politique.

« Il y avait plusieurs personnes qui étaient qualifiées pour le poste », a-t-elle laissé tomber en point de presse.

Ancienne employée politique de Stephen Harper, Catherine Loubier a été responsable de la transition lorsque la CAQ a pris le pouvoir. Elle était toujours à l'emploi du cabinet de M. Legault jusqu'à la semaine dernière. Son conjoint habite New York.

Dans son discours inaugural, fin novembre, le premier ministre François Legault a promis de mettre fin aux nominations partisanes. Car selon lui, elles « ont affaibli l'État québécois ».

Une réforme aura bien lieu, a assuré Mme Girault. Mais elle a ajouté un bémol : les postes diplomatiques les plus importants, tels celui du délégué du Québec à New York, continueront d'être nommés en fonction des « objectifs » du gouvernement.

« On se garde les huit nominations de délégations générales, dont New York fait partie, pour choisir les gens qu'on veut mettre en place en fonction de nos objectifs, en fonction des objectifs qu'on veut rencontrer là-bas et en fonction des compétences qu'on veut aller chercher spécifiquement pour les délégations générales », a expliqué Mme Girault.

La ministre assure que la nomination de Mme Loubier ne va pas décrédibiliser les efforts de son gouvernement pour mettre fin aux nominations partisanes : « Tous les autres postes, on va les dépolitiser », a-t-elle dit.

La nomination de Mme Loubier a été entérinée au conseil des ministres mercredi. Pour éviter d'être accusé de partisannerie, le gouvernement Legault a pris soin de nommer au même moment des collaborateurs connus des anciens premiers ministres Philippe Couillard et Pauline Marois.

Selon le ministre du Travail, Jean Boulet, le choix de Mme Loubier constitue une « excellente nomination ».

« On a besoin d'être en mesure d'aider l'économie à se développer et on veut accroître les investissements étrangers au Québec, a dit M. Boulet. Donc Catherine Loubier, dans ce contexte, est une personne excellente. »

Son collègue aux Forêts, Pierre Dufour, a dit ne pas bien connaître Mme Loubier, mais il s'est dit d'accord avec sa nomination.

« Je suis content pour elle », a-t-il dit.

La vice-première ministre, Geneviève Guilbault, a assuré que Mme Loubier a été choisie à cause de son expérience politique et dans le milieu des affaires. Il ne s'agit en rien d'une nomination partisane, a-t-elle assuré.

« C'est une femme qui a des expériences professionnelles extraordinaires, elle a travaillé pour des grandes compagnies internationales, elle a travaillé pour un premier ministre du Canada, elle a travaillé pour un premier ministre du Québec, elle a des réseaux de contacts incroyables un petit peu partout », a-t-elle dit.

Mais l'opposition n'en croit rien. La députée libérale Dominique Anglade a affirmé qu'elle « n'achète absolument pas » cette version des faits.

« Il nous apparaît évident que les critères de sélection tels qu'émis par la ministre Girault ne sont pas respectés dans cette nomination, a dénoncé Mme Anglade. C'est clairement une nomination partisane. »