Le metteur en scène et militant écologiste Dominic Champagne a rencontré mercredi le caucus libéral pour lui présenter le projet de loi que le groupe non partisan Le pacte pour la transition écologique a remis au gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ) en décembre dernier.

«Répondre à l'urgence climatique, c'est écrit dans le ciel qu'il faut faire face à ça. L'été dernier, Dominique Michel, 86 ans, s'est effondrée par un après-midi parce qu'on était en pleine canicule. Elle est tombée sans connaissance, victime d'une cause du dérèglement climatique. [Elle a été sauvée par] des médecins, [mais] dans les mêmes semaines, 90 personnes n'ont pas eu le bonheur de l'être», a dit M. Champagne mercredi lors d'une mêlée de presse à l'Assemblée nationale.  

«Le grand défi, c'est de s'assurer qu'on va concilier la prospérité, la création d'emplois, le virage vers une industrialisation verte du Québec. Nous sommes les princes de l'énergie propre au monde, on est en période de surplus énergétique alors que l'on continue d'importer du pétrole à grands frais qui continue de nous enfoncer dans une économie mortifère», a-t-il poursuivi.

Virage vert chez les libéraux

Marie Montpetit, critique libérale en matière d'environnement, a défendu pour sa part mercredi le bilan environnemental du précédent gouvernement libéral dont elle était ministre.  

«On a fait de très bonnes choses en environnement. C'est perfectible, mais il y a une nouvelle réalité qui date du mois d'octobre. Les scientifiques du GIEC ont tiré la sonnette d'alarme, ont pesé sur le bouton panique. [...] C'est une donne qui est différente. On ne peut pas passer à côté d'une révision de la façon de fonctionner au gouvernement», a-t-elle affirmé.  

Plus tôt cette semaine, six ex-ministres de l'Environnement du Québec, dont l'actuelle députée libérale Isabelle Melançon, ont écrit une lettre ouverte au premier ministre François Legault l'intimant d'adopter le projet de loi sur le climat soumis par le groupe du Pacte en décembre dernier.  

Cette proposition législative fixe des objectifs de réduction des gaz à effet de serre (GES) d'ici 2050 et suggère de les rendre obligatoires. Le projet de loi prévoit aussi d'obliger le gouvernement à faire en sorte que tous les règlements et lois adoptés par l'État québécois respectent l'atteinte de ces cibles.

«Il faut agir»

Après sa rencontre avec le caucus libéral, le metteur en scène Dominic Champagne a martelé que les partis politiques devaient faire front commun, de façon non partisane, pour combattre les changements climatiques.  

«Monsieur Legault, à quelle heure ça commence à être urgent ? À partir du moment où vous reconnaissez l'urgence d'agir, il faut agir et poser des gestes», a dit Dominic Champagne mercredi.  

Un rapport déposé mardi au Salon bleu indiquait d'ailleurs que les programmes du Plan d'action 2013-2020 sur les changements climatiques (PACC) financés par le Fonds vert avaient reçu plus de 1,7 milliard entre leur création et le 31 mars 2018. Or, cet investissement a généré une réduction de 1,8 million de tonnes de GES, une fraction minime des émissions totales du Québec de 78,6 millions de tonnes en 2016 seulement.  

«Les gouvernements des dernières années ont échoué dans l'atteinte des cibles de réduction de gaz à effets de serre. Ça montre que les gouvernements des dernières années ont fait en sorte qu'on a accumulé du retard dans la lutte aux changements climatiques», a critiqué mercredi Gabriel Nadeau-Dubois, leader parlementaire de Québec solidaire (QS).

«Je pense que les libéraux ont commis [par le passé] leur part d'erreurs, mais ils ont aussi de bons coups. Le fond vert a connu des ratés, c'est de bonne guerre de critiquer les résultats et de s'assurer qu'on donne le meilleur de nous même, mais il faut ensemble s'y mettre», a dit pour sa part le metteur en scène Dominic Champagne.

- vec Martin Croteau et La Presse canadienne