Alors que ses membres semblent divisés sur la question de la laïcité, Québec solidaire (QS) s'offrira une journée de réflexion la semaine prochaine afin de se faire une tête face à cet enjeu, sur lequel le parti devra prendre position à son Conseil national, au mois de mars.

Le 9 février, les membres du parti de gauche seront réunis à Trois-Rivières pour entendre des panélistes de toutes les allégeances, qui se prononceront notamment sur l'épineuse question du port des signes religieux.

« On veut que les panélistes viennent nous exprimer leur point de vue pour permettre à nos membres d'enclencher cette réflexion qui va mener au débat du mois de mars », a précisé la porte-parole de QS, Manon Massé, en entrevue téléphonique.

Le philosophe Charles Taylor, Lucie Lamarche, de la Ligue des droits et libertés et le professeur de droit Louis-Philippe Lampron ont notamment été invités. Le sociologue Gérard Bouchard devait y être également, mais il a annulé sa présence à la dernière minute, selon Mme Massé.

Traditionnellement, QS appuyait le « consensus Bouchard-Taylor », établi par le rapport du même nom, qui suppose que le port des signes religieux soit interdit aux fonctionnaires en position d'autorité.

La porte-parole Manon Massé souligne qu'une mise à jour s'imposer, étant donné que l'opinion des Québécois a évolué depuis la publication de ce rapport il y a plus de dix ans.

Divisions chez QS

Au congrès du parti en décembre dernier, des membres du parti ont ouvertement critiqué l'approche de Bouchard-Taylor, qui selon certains, mènerait à de la discrimination à l'emploi. La semaine dernière, le député de Rosemont Vincent Marissal a lui aussi exprimé des doutes sur cette position, affirmant qu'il n'était pas à l'aise que « quelqu'un ne puisse pas obtenir un job » en raison du port de signes religieux.

En entrevue, dimanche, Mme Massé avait bon espoir de réconcilier les opinions de tous les membres.

« Ça va faire des bonnes discussions et comme toujours, on va réussir ensemble à aller vers une position qui va rallier la majorité », a-t-elle assuré.

La députation de Québec solidaire a aussi beaucoup changé depuis dix ans. Le parti, qui n'avait des représentants qu'à Montréal, a maintenant des députés ailleurs dans la province, de Québec, en passant par Sherbrooke, jusqu'à Rouyn-Noranda.

Mme Massé, elle-même députée de Sainte-Marie - Saint-Jacques, ne croit toutefois pas que cela ait des répercussions sur le débat.

« Lorsque le débat s'est fait à travers nos membres, il y avait des gens de la Gaspésie, de l'Abitibi, il y avait des gens de partout, alors ce n'est pas nouveau d'avoir une représentation de l'ensemble du Québec durant nos débats », a-t-elle soutenu.

QS veut prendre son temps

Le premier ministre François Legault a réitéré dimanche en entrevue au réseau LCN qu'il souhaitait rapidement adopter le projet de loi sur la laïcité, pour conclure le débat d'ici l'été.

Mais la porte-parole de Québec solidaire prévient que l'adoption d'un tel projet de loi nécessite du temps « pour être à la hauteur des besoins des Québécois ».

Elle souligne d'ailleurs que le projet de loi en question n'a même pas encore été déposé.

Le premier ministre François Legault a assuré que la pièce législative serait déposée au début de la prochaine session parlementaire, qui commence mardi.