Le représentant des musulmans de la Grande Mosquée de Québec, où un tireur a fait six morts dans un attentat il y a deux ans, s'est senti « trahi » par les propos de François Legault sur l'islamophobie.

« J'ai ressenti un coup de massue ou plus encore, je me suis senti trahi, tellement vos paroles étaient aux antipodes de celles que vous avez prononcées à l'Université Laval » lors de la commémoration du deuxième anniversaire, a déclaré Boufeldja Benabdallah dans un communiqué vendredi.

Le président du Centre culturel islamique réagissait aux propos du premier ministre François Legault jeudi selon lequel l'islamophobie n'existe pas au Québec. M. Legault s'est rétracté vendredi en précisant, par la voie de son cabinet, que l'islamophobie existe bel et bien au Québec, mais qu'un « courant islamophobe » n'existe pas.

Ces propos ont fait sursauter M. Benabdallah.

« Monsieur le premier ministre, avec tout le respect que j'ai pour vous, je me permets de vous dire que vous n'avez pas mesuré la gravité de cette phrase à 48 heures à peine après la deuxième édition de la Commémoration de la tuerie de la Grande Mosquée », écrit-il.

« Je crains aussi que votre phrase ne donne la caution magistrale à cette frange agissante de la société qui s'alimente d'islamophobie », dit-il.

Le représentant de la Grande Mosquée de Québec énumère ensuite une liste des incidents dont sa communauté a été victime dans les dernières années : la tête de porc laissée devant le lieu de culte, les pamphlets, les excréments humains jetés sur les murs de la mosquée, etc. La voiture de l'ancien président du CCIQ a par ailleurs été incendiée en août 2017.

« Plus islamophobes comme gestes, tu meurs », affirme Benabdallah.