Le gouvernement Legault est ferme sur le maintien du registre des armes à feu, mais tend également la main aux chasseurs. « Le registre est là pour rester », a affirmé mercredi Geneviève Guilbault, qui présentera toutefois dès la rentrée parlementaire des modifications à la loi pour « abolir » certains irritants.

Accompagnée lors d'un point de presse du groupe Poly se souvient, de la Sûreté du Québec et de la Fédération québécoise des chasseurs et des pêcheurs, la ministre de la Sécurité publique a annoncé que Québec reverra l'obligation qu'ont les chasseurs d'aviser le Service d'immatriculation des armes à feu pour tout déplacement de 15 jours et plus. Le gouvernement caquiste se penchera aussi sur la question du numéro d'immatriculation, qui doit être transmis aux policiers sur demande, de même que sur l'obligation de mesurer la longueur du canon de chaque arme enregistrée.

« [Nous avons] un triple objectif, à la fois d'écouter le point de vue de la population, de susciter davantage d'adhésion au sein de la clientèle cible et de rendre le registre plus efficace », a affirmé Mme Guilbault.

« Je veux être très claire : il existe une loi et tous doivent s'y conformer. Le registre est là pour rester et il n'est aucunement question de l'abolir », a-t-elle aussi précisé.

Un premier pas pour les chasseurs

Pour Alain Cossette, directeur général de la Fédération québécoise des chasseurs et des pêcheurs, « le système d'immatriculation, dont nous souhaitons par ailleurs toujours l'abolition, est désormais débarrassé de ses contraintes bureaucratiques inutiles. »

« Considérant que le parti au pouvoir a démontré son ouverture et sa volonté de réduire les pertes financières de l'État, la fédération garde espoir que les élus en arriveront. La seule décision raisonnable devant ce honteux gouffre financier : son abolition », a-t-il ensuite ajouté.

Le Service d'immatriculation des armes à feu du Québec a coûté 20 millions à la province pour le mettre en place et nécessite un budget récurrent annuel de 5 millions pour l'opérer.

« Aujourd'hui, le gouvernement est ferme. Il ne reculera pas devant ces pressions », s'est pour sa part réjoui Heidi Rathjen, coordonnatrice du groupe Poly se souvient.

« La loi s'appliquera à partir de la date butoir prévue, de même que les amendes pour ceux qui choisiront de ne pas s'y conformer. Après plus de huit ans de débats politiques, de procédures juridiques et de processus législatifs et réglementaires, nous osons espérer qu'il est temps de clore le débat », a-t-elle ajouté.

En date de mardi, 349 952 armes étaient inscrites au registre québécois des armes à feu sur un total de près de 1,6 million d'armes qui étaient enregistrées dans la province à l'ancien registre fédéral, aujourd'hui aboli.

« On ne va pas aller voir les gens », prévient la SQ

Du côté des corps policiers, le directeur général de la Sûreté du Québec (SQ), Martin Prud'homme, prévient que les amendes seront imposées à ceux qui sont interpellés après le 30 janvier sans avoir enregistré leurs armes. « Mais on ne va pas faire du porte-à-porte, on ne va pas aller voir les gens », a-t-il prévenu mercredi.

« Nos policiers vont devoir appliquer le règlement et la loi [...]. C'est une responsabilité des citoyens de s'immatriculer. Un individu qui est vérifié, peu importe où, [si] ses armes ne sont pas immatriculées, il va recevoir un constat », a-t-il dit.

« Notre intention, c'est d'encourager les gens [à inscrire leurs armes]. Ce n'est pas de les poursuivre et de courir » après eux, a ajouté M. Prud'homme.

« Chaque année, au Québec, 100 000 armes sont achetées, soit au Québec ou à l'étranger, et 100 000 [armes] sont transig.es entre particuliers. Ça fait un gros volume. À partir du moment où les irritants vont être modifiés [...], c'est énormément de futurs propriétaires d'armes qui vont [en] bénéficier », a plaidé la ministre Guilbault.

Le PQ satisfait

Le Parti québécois s'est dit satisfait de la décision du gouvernement Legault. Le député Sylvain Roy avait déjà demandé à la ministre Guilbault d'assouplir certaines dispositions du registre.

Lui-même propriétaire d'armes, il ne les a pas encore enregistrées sur le site mis en ligne par le gouvernement.

« (Les modifications) étaient selon moi essentielles pour rendre le registre acceptable socialement auprès des chasseurs, a dit M. Roy. Il y avait des choses là-dedans qui ne tenaient absolument pas compte de la réalité et de l'expérience de chasse. »

- Avec Martin Croteau, La Presse