Tout prestataire d'aide sociale qui ne peut travailler aura droit à un répit important dès le 1er janvier prochain.

La prestation d'une personne seule présentant des contraintes sévères à l'emploi, qui est actuellement de 1035 $ par mois, augmentera de 72 $sur une base mensuelle, et ce, dès le début de l'année 2019.

Cette hausse continuera de croître graduellement pour atteindre 367 $ par mois dans cinq ans.

« Il s'agit d'un pas important, qu'on est en train de franchir vers l'atteinte d'une société plus égale, plus juste, plus humaine et plus respectueuse des personnes vulnérables et qui sont confrontées à l'exclusion sociale », a déclaré le ministre québécois du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet, en annonçant mercredi la mise en oeuvre de cette mesure tirée du « Plan d'action sur l'intégration économique et la participation sociale », élaboré par l'ancien gouvernement libéral.

Le ministre a profité de l'occasion pour saluer « le travail des parlementaires de tous les groupes, de tous les partis, pour venir en aide aux personnes les plus vulnérables de notre société », rappelant que ce plan avait reçu l'appui unanime des élus provinciaux.

L'augmentation de la prestation - qui vise 84 000 personnes - représente un investissement d'un peu plus d'un milliard de dollarsjusqu'en 2023.

Québec a également fait part d'autres mesures, notamment une augmentation de 100 $ des exclusions de revenus de travail pour les personnes à l'aide sociale et la création d'une exclusion de 100 $ pour les dons en argent qu'elles pourraient recevoir.

Pénalités maintenues

Par ailleurs, les prestations de base de l'aide sociale, ainsi que les allocations liées au programme Objectif Emploi seront également rehaussées, mais ces augmentations demeureront modestes.

Le ministre Boulet a toutefois précisé que les pénalités imposées aux prestataires qui refusent de participer aux mesures de recherche d'emploi et d'intégration au marché du travail seront maintenues. Par contre, il a soutenu que seulement une vingtaine de cas d'imposition de pénalité ont été recensés par son ministère et que ces situations ont toutes été corrigées.

La prestation de base pour les bénéficiaires d'aide sociale seuls et aptes à l'emploi est de 648 $ par mois et la pénalité pour un refus de participer à ces mesures est de 224 $. En contrepartie, le simple fait d'y participer donne droit à une allocation supplémentaire de 165 $ par mois.

Jean Boulet a par ailleurs promis de se pencher sur d'autres mesures « pour nous assurer que nos concitoyens à faible revenu aient le meilleur soutien possible ».

Insuffisant

Le Collectif pour un Québec sans pauvreté accueille favorablement les mesures annoncées, tout en déplorant « leur nette insuffisance ».

L'organisme souligne que l'augmentation prévue pour la prestation de base de 648 $ accordée aux personnes aptes à travailler n'est que de 10 $ et que, même si on y ajoute le crédit d'impôt pour solidarité et la prestation spéciale de 50 $ par mois pour les personnes qui n'ont pas de logement subventionné, le tout n'équivaut qu'à 9809 $ par année.

La porte-parole du Collectif, Virginie Larivière, fait valoir que « ces nouvelles dispositions ne permettront pas aux personnes d'atteindre le seuil de faible revenu de la Mesure du panier de consommation (MPC) garantissant la couverture des besoins de base ».

En fait, un revenu 9809 $ par année ne représente qu'un peu plus de la moitié du seuil de la MPC en 2020, qui est de 18 164 $ par année.

Côté politique, le porte-parole péquiste en matière de solidarité sociale et de lutte contre la pauvreté, Harold LeBel, a aussi salué l'annonce du ministre Boulet tout en exprimant des réserves qui rejoignent celles du Collectif.

M. LeBel a souligné que « la situation ne s'améliore pas pour plusieurs personnes qui ne cadrent pas dans cette catégorie (de personnes inaptes au travail), par exemple ceux sur l'aide sociale ou la solidarité sociale ».

Le député de Rimouski reproche au gouvernement caquiste de manquer de vision et d'ambition pour lutter contre la pauvreté et note une occasion ratée « de sortir les pensions alimentaires du calcul de l'aide sociale ».

La porte-parole libérale en matière de solidarité sociale, Monique Sauvé, a voulu rappeler les efforts du précédent gouvernement libéral sur ces enjeux.

« Notre première préoccupation reste toujours les organismes et les citoyens pour qui mon équipe a déposé le Plan d'action gouvernemental pour l'inclusion économique et la participation sociale 2017-2023 en mai dernier. Je suis heureuse de constater que nos efforts sont poursuivis par l'actuel gouvernement grâce au travail accompli par François Blais (ancien ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale) au cours des dernières années », a affirmé Mme Sauvé par communiqué.