Le Québec accueillera 20% moins d'immigrants l'an prochain, prévoit le plan présenté mardi par le gouvernement Legault. La baisse toucherait autant les nouveaux arrivants sélectionnés par Québec que ceux qui le sont par Ottawa, même si Justin Trudeau n'a exprimé aucun intérêt pour une telle mesure.

Le Plan d'immigration du Québec pour l'année 2019, présenté par le ministre Simon Jolin-Barrette, confirme les engagements électoraux de la Coalition avenir Québec. François Legault avait en effet promis de réduire d'environ 50 000 à 40 000 le nombre d'immigrants reçus au Québec chaque année.

Les immigrants économiques - qui sont sélectionnés par Québec - verront leur nombre réduit de quelque 30 000 à environ 23 450, selon le document.

Le gouvernement caquiste prévoit aussi que les immigrants accueillis en vertu du programme de réunification familiale et les réfugiés - les catégories sélectionnées par le fédéral - seront diminués dans la même proportion.

Ce faisant, le gouvernement Legault pourrait mettre la table à un affrontement avec Ottawa. En matinée, le premier ministre fédéral Justin Trudeau a en effet affirmé que le moment est mal choisi pour réduire les seuils d'immigration, faisant valoir que le Québec est aux prises avec une importante pénurie de main-d'oeuvre.

La co-porte-parole de Québec solidaire, Manon Massé, a d'ailleurs fait écho à cet argument mardi matin.

«Il y a une forme d'illogisme dans la prise de position de François Legault, a dit Mme Massé. D'un côté, lui-même a reconnu que le manque de main-d'oeuvre aurait un impact sur l'économie, un ralentissement économique, de l'autre côté, il nous dit qu'il est prêt à activer ce ralentissement en diminuant l'entrée de nouveaux arrivants au Québec. Il y a quelque chose qui ne fonctionne pas.»

Le Parti québécois presse le gouvernement de travailler à mieux intégrer les immigrants plutôt que simplement couper leur nombre.

«Ce que les Québécois veulent, c'est une meilleure intégration des immigrants, a dit la députée du Parti québécois, Catherine Fournier. Si on en reçoit 40 000, mais que la situation ne change pas, que les immigrants ont toujours de la difficulté à se trouver un emploi sur le marché du travail, qu'ils ont toujours de la difficulté à prendre des cours de français, [ce] n'est pas rendre service à personne.»

- Avec la collaboration d'Hugo Pilon-Larose