Les trois partis de l'opposition ont appuyé jeudi une déclaration commune qui appelle le gouvernement Legault à redoubler d'efforts dans la lutte aux changements climatiques et qui réclame la tenue d'états généraux sur la question dès cette année.

Le Parti libéral, le Parti québécois et Québec solidaire ont endossé la « Déclaration transpartisane pour la transition socio-économique du Québec en faveur du climat ».

Cette initiative citoyenne, lancée par un architecte, Alexandre Thibodeau, a obtenu l'appui de candidats défaits de plusieurs partis politiques. Elle appelle le gouvernement à placer l'urgence climatique au coeur de ses priorités, et à répondre ainsi à l'appel du secrétaire général de l'Organisation des Nations unies, António Guterres.

Le texte exhorte aussi le gouvernement Legault à tenir, dès la session parlementaire qui s'amorcera dans les prochains jours, des États généraux sur l'urgence climatique.

« La situation que nous vivons nous touchera tous, indépendamment de nos allégeances politiques, a déclaré M. Thibodeau. Nous n'avons pas de temps à perdre avec la confrontation. La collaboration de tous sera nécessaire, si nous sommes pour être à la hauteur et espérer maintenir le privilège d'un écosystème viable. »

Il était flanqué des députés Marie Montpetit (Parti libéral) et Sylvain Gaudreault (Parti québécois), ainsi que de la co-porte parole de Québec solidaire, Manon Massé.

Aucun représentant de la Coalition avenir Québec n'était présent à la conférence de presse, bien que les initiateurs ont pris contact avec le gouvernement plus tôt cette semaine.

« J'ai parlé à des gens à la CAQ qui ont vraiment travaillé fort à passer le message en haut, a expliqué M. Thibodeau. Mais peut-être que ça ne s'est pas rendu assez vite. »

La Coalition avenir Québec a été critiquée pendant la campagne électorale pour la timidité de ses propositions en matière d'environnement. Une fois élu, François Legault a toutefois exprimé une « sincère préoccupation » pour l'enjeu climatique.

Or, le gouvernement caquiste n'a pas encore posé de gestes qui témoignent de cette sensibilité, ont dénoncé Mme Montpetit, M. Gaudreault et Mme Massé.

Ils ont fait valoir que Québec n'a toujours pas saisi le Bureau des audiences publiques sur l'environnement (BAPE) d'un projet de mine de lithium situé à quelques mètres d'une source d'eau à Amos. À cela s'ajoute l'intérêt du gouvernement pour un projet d'usine d'urée à Bécancour, qui rejetterait 600 000 tonnes de gaz à effet de serre (GES) chaque année, l'équivalent de 180 000 voitures.

« Il y a eu un beau mea culpa, [...] mais dans les 72 heures qui suivaient, on avait un ministre des Ressources naturelles qui se disait ouvert à recevoir des projets d'hydrocarbures sur l'île d'Anticosti », a relevé Mme Montpetit.

« Jusqu'à maintenant, les gestes ne sont pas au rendez-vous », a dit M. Gaudreault, se disant toutefois prêt à donner la chance au coureur.

« On va donner une chance au coureur, mais le temps compte, a renchéri Mme Massé. Chaque jour où on n'agit pas est une journée, malheureusement, où on se rapproche de la catastrophe. Alors, il faut mettre tous les efforts là. »

La porte-parole de la ministre de l'Environnement, MarieChantal Chassé, n'avait pas rappelé La Presse au moment d'écrire ces lignes.