François Legault a défendu sa proposition de faire construire une partie de sa « Baie-James du XXIe siècle » par des travailleurs ontariens, mercredi.

« Ce serait, comme on dit en anglais, un 'win-win' si on arrivait à faire une entente avec l'Ontario pour qu'au lieu de rénover des centrales nucléaires, on construise des barrages au Québec avec, en partie des travailleurs du Québec et en partie des employés de l'Ontario », a résumé le premier ministre en point de presse.

M. Legault tente de convaincre son homologue ontarien Doug Ford de conclure une entente d'approvisionnement avec le Québec plutôt que de rénover ses centrales nucléaires, qui arrivent à la fin de leur vie utile. Il a étayé sa proposition lors leur rencontre à Queen's Park lundi.

Le premier ministre a présenté l'embauche de travailleurs ontariens comme une manière de partager les retombées du partenariat entre les deux provinces, et ainsi le rendre plus attrayant pour le gouvernement conservateur.

Sauf que la proposition a tout de suite été contestée par les syndicats québécois.

Le syndicaliste Bernard Gauthier, connu par son surnom « Rambo », a lancé une tirade contre l'idée de recourir à des travailleurs ontariens sur des chantiers québécois.  La FTQ-Construction a elle aussi réclamé que des travailleurs d'ici soient embauchés « en priorité » dans d'éventuels chantiers hydroélectriques.

Invité à réagir, le premier ministre a fait valoir qu'il vaut mieux construire des barrages avec de la main-d'oeuvre ontarienne que de ne pas en construire du tout.

« Il y a deux possibilités : il n'y a pas de barrages et il n'y a pas d'emplois, ni au Québec, ni en Ontario. Ou il y a des nouveaux barrages, on sert l'Ontario, il y a des emplois au Québec et il y a des emplois en Ontario. Qu'est-ce que vous voulez ? » a-t-il résumé.

Le Parti libéral a dénoncé le « manque de considération » du premier ministre à l'égard des électeurs. Le député Saul Polo lui reproche d'avoir fait multiplié les approches pour vendre de l'hydroélectricité à l'étranger sans en avoir expliqué les conséquences aux Québécois.

« Quand on parle d'Hydro-Québec, c'est le fondement même de la révolution tranquille au Québec, a dit M. Polo. D'être allé en Ontario et dans le Nord-Est américain pour proposer des partenariats alors qu'il n'a jamais détaillé aux Québécois c'est quoi sa vision de la Baie-James du 21e siècle, il fait les choses à l'envers. »

Le Parti québécois a pour sa part dénoncé la stratégie de négociation du gouvernement caquiste. Son chef Pascal Bérubé s'est étonné que M. Legault soit prêt à accueillir des travailleurs ontariens avant même que M. Ford ait approuvé l'idée d'acheter de l'hydroélectricité québécoise.

La députée péquiste de Duplessis, sur la Côte-Nord, Lorraine Richard, a dit craindre la réaction des travailleurs de sa région.

« M. Legault trouverait ça extrêmement difficile d'avoir plusieurs chantiers sur la Côte-Nord qui pourraient être bloqués, a dit Mme Richard. Je ne pense pas que M. Legault veut, dès le premier temps de son mandat, entamer une guerre après Apuiat sur la Côte-Nord, encore une fois avec des travailleurs de la construction. »

Depuis deux ans, M. Legault propose de lancer une « Baie-James du XXIe siècle ». Sa stratégie consiste à nouer des partenariats avec les provinces et États voisins et d'y exporter l'électricité qui serait produite par de nouveaux barrages.

M. Legault fait valoir que ce plan permettrait d'augmenter les profits d'Hydro-Québec, de créer des emplois dans la province et de réduire les émissions globales de gaz à effet de serre, puisque l'hydroélectricité remplacerait des sources d'électricité plus polluantes comme le charbon ou le gaz naturel.

Le premier ministre a récemment avancé l'idée de créer une nouvelle société d'État énergétique et de construire des barrages hydroélectriques au Québec pour desservir l'Ontario.