La participation de trois élus de la Coalition avenir Québec (CAQ) à une marche en faveur de l'environnement samedi à Montréal a eu des échos jusque dans les rues de Québec, où une autre manifestation avait lieu, contre le projet de troisième lien.

Le nouveau gouvernement a été accusé de tenir un double discours, en se disant sensible à la question des changements climatiques d'un bord, tout en préparant la construction d'une nouvelle autoroute entre Québec et Lévis de l'autre bord.

La ministre de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, MarieChantal Chassé, la ministre déléguée aux Transports, Chantal Rouleau, et le président du Conseil du trésor, Christian Dubé, avaient annoncé leur intention de participer à la marche « la planète s'invite au parlement » samedi à Montréal.

« Je ne comprends pas le manque de cohérence du gouvernement », a lancé au micro, devant près d'un millier de manifestants réunis à Québec, le directeur de l'organisme Accès transports viables, Étienne Grandmont.

« Madame Chassé, madame Rouleau et M. Dubé marchent en ce moment à Montréal pour montrer leur appui à la cause environnementale et à la lutte aux changements climatiques. Il y a comme un paradoxe ici, croit-il. Pendant ce temps-là à Québec on nous propose une nouvelle autoroute qui passerait sous le fleuve Saint-Laurent. »

Le nouveau député de Québec solidaire Sol Zanetti a aussi relevé ce qu'il considère « un double discours, un paradoxe ».

« On ne peut pas se dire sensible aux changements climatiques - et sur ça par ailleurs je les crois - et en même temps dire on va mettre entre 4 et 10 milliards dans un projet de lien routier entre Québec et Lévis », a expliqué à La Presse le député de Jean-Lesage.

« Ça ne se peut pas. C'est aller à l'encontre de ce qu'il faut faire pour lutter contre les changements climatiques », a-t-il renchéri.

La manifestation de samedi à Québec contre le troisième lien a été organisée par de jeunes militants, issus de la Coalition régionale des associations étudiantes de la Capitale-Nationale (CRACN). La plupart des manifestants étaient des jeunes, qui se sont dits inquiets de l'impact d'un troisième lien sur la congestion et l'étalement urbain.

« Les décisions qui sont prises en ce moment par le gouvernement vont suivre les jeunes pendant longtemps », s'inquiète l'une des organisatrices de la marche, Noémie Veilleux, 19 ans.

De son côté, Jérémie Fuller, 26 ans, tenait une pancarte sur laquelle on pouvait lire : « On a mis la science au monde, on devrait peut-être l'écouter », une référence à une chanson du groupe Harmonium.

« Toutes les études montrent que plus on va élargir les autoroutes, plus ça va encourager les gens à prendre la voiture solo, estime M. Fuller. Ça va contribuer encore plus au trafic. Tous les experts s'entendent pour le dire, est-ce qu'on pourrait les écouter ? »

Le gouvernement de la CAQ a fait de la construction d'un troisième lien une promesse électorale. Dans la région de Québec, le parti de François Legault a raflé à peu près toutes les circonscriptions aux élections d'octobre dernier. Les libéraux ont conservé un siège. Québec solidaire a quant à elle fait élire deux députés, dans les quartiers centraux de la ville, en promettant de s'opposer à la construction de cette nouvelle autoroute.

En juin dernier, une soixantaine de personnes avaient marché en faveur du troisième lien dans les rues de Québec.