En 2003, quand il a été nommé Personnalité de l'année du gala Excellence La Presse-Radio-Canada pour son apport à la signature de la Paix des braves, le grand chef Ted Moses a demandé à Bernard Landry de monter sur scène. Et il avait bien raison.

Ensemble, ils avaient conclu une entente historique. Voici les points saillants : 

« Je vais vous raconter comment la Paix des braves s'est amorcée. Pour moi, c'est un moment historique, dramatique. Je me suis retrouvé devant un homme d'État qui s'appelle Ted Moses, un gars passionnant, détenteur d'un doctorat [...] Je lui pose trois questions : 

- Ted, are you Canadian ?

- No, I'm a Cree.

- Ted, are you Quebecer ?

- No, I'm a Cree.

C'était les deux réponses que je voulais qu'il me fasse de toute façon. La troisième, ç'a été de sortir une carte et de montrer le territoire où sont les Cris : 

- Ted, is this Cree land ?

Il a répondu : 

- No, it's Quebec and Cree land.

Ç'a été les trois piliers de cette entente extraordinaire. » *

L'expression « Paix des braves » est empreinte de respect. En général, elle célèbre un accord obtenu à des conditions honorables entre des parties reconnues pour leur bravoure.

Au Québec, la Paix des braves est une entente politique et économique survenue entre le gouvernement Landry et les Cris. Elle a été signée au centre communautaire de Waskaganish, dans le Nord-du-Québec, le 7 février 2002.

Avec cet accord, le gouvernement du Québec s'engage à associer les Cris à la mise en valeur du Nord et à leur verser plus de 3,6 milliards en 50 ans.

En retour, les Cris mettent un terme à leurs revendications territoriales. Ils abandonnent des poursuites judiciaires de plus de 8 milliards contre le Québec et des sociétés forestières. Et ils acceptent le développement hydroélectrique des centrales jumelles Eastmain-1 et 1A.

L'entente ouvre aussi des possibilités d'emploi pour la main-d'oeuvre. Elle affiche une préoccupation commune pour l'utilisation du territoire. Et elle permet une collaboration dans le développement des ressources énergétiques, forestières et minières.

Ce traité est historique. Il marque une première mondiale entre un État et une nation autochtone.

Il reconnaît et il « affirme le principe fondamental du droit des peuples aborigènes à tirer profit des ressources naturelles de leur propre territoire », peut-on lire dans La Presse, en mars 2002.

* Extrait de Bernard Landry, l'homme fidèle, d'Alain Chaperon, Mots en toile, 2016