À la sortie d'une rencontre avec le premier ministre du Québec François Legault jeudi, le chef du Parti conservateur du Canada, Andrew Scheer, s'est montré ouvert à donner plus de pouvoirs à Québec en matière d'immigration s'il se retrouve à la tête du gouvernement fédéral dans un an.

Les deux hommes ont abordé ce dossier lors de leur tête-à-tête d'environ une heure dans les bureaux de M. Legault, à Québec. Selon les dires de M. Scheer, le premier ministre lui a « parlé de son intention d'avoir une immigration plus concentrée sur les besoins économiques du Québec ». Le chef conservateur a quant à lui mis sur la table « l'idée de donner plus de pouvoirs au gouvernement du Québec pour gérer son (...) immigration ».

Il a rappelé devant les journalistes que son parti a ouvert la porte au transfert de pouvoirs supplémentaires au Québec en cette matière dans le cadre d'une tournée baptisée « À l'écoute des Québécois » et lancée en avril dernier.

Lors de la campagne électorale, François Legault a promis de réclamer plus de pouvoirs à Ottawa. Il veut renégocier l'accord Canada-Québec pour obtenir la responsabilité de la sélection des immigrants reçus dans le cadre du programme de réunification familiale (environ 20% des nouveaux arrivants chaque année). Il s'agit des conjoints, enfants, parents ou grands-parents d'immigrants déjà installés au Québec. 

François Legault s'est dit « très content » de sa rencontre avec le chef conservateur. « M. Scheer est ouvert à nos propositions » sur le transfert des pouvoirs en matière de réunification familiale, a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse aux côtés du maire de Québec, Régis Labeaume.

À l'heure actuelle, le Québec contrôle l'immigration économique - la majorité des nouveaux arrivants accueillis ici chaque année. Ottawa est par ailleurs responsable des réfugiés.

François Legault a promis en campagne électorale de réduire de 20% le nombre de nouveaux arrivants reçus chaque année dès 2019. Il a annoncé son intention de demander à Ottawa de réduire d'une part équivalente les réfugiés et les regroupements familiaux. Andrew Scheer ne s'est pas beaucoup avancé sur le sujet. « J'ai écouté ses explications. Nous travaillons maintenant sur notre plan sur l'immigration », s'est-il contenté de dire.

Il a également esquivé les questions lui demandant son avis sur le test des valeurs qu'a l'intention d'imposer M. Legault aux nouveaux arrivants. Il a déclaré qu'il « respecte les champs de compétences des provinces » et qu'aucun projet de loi en ce sens n'a encore été déposé par Québec.

Il n'a pas été tellement plus loquace au sujet de l'interdiction du port de signes religieux chez les agents de l'État ayant un pouvoir de coercition (juges, procureurs, policiers, gardiens de prison) et chez les enseignants que veut adopter le gouvernement Legault. Ce dernier a évoqué l'idée de recourir à la clause de dérogation à la charte des droits pour mettre en oeuvre cette mesure. «C'est une question hypothétique », a d'abord répondu M. Scheer, soulignant encore une fois qu'un projet de loi n'a pas été présenté à ce jour. Il a cependant ajouté ceci : « Notre parti appuie la liberté d'expression » et n'adopterait pas une mesure semblable au niveau fédéral.