Écartée du conseil des ministres, déçue et meurtrie en raison de la façon dont elle estime avoir été traitée, la députée d'Iberville, Claire Samson, songe sérieusement à quitter la politique.

La députée caquiste s'est confiée à La Presse canadienne jeudi, lors d'un entretien téléphonique.

Pour le premier ministre François Legault, il s'agit de son baptême du feu, devant colmater une première brèche dans la cohésion de son nouveau caucus élargi.

Mme Samson a été vue pour la dernière fois au parlement le jeudi 18 octobre, lors de la prestation de serment du conseil des ministres au Salon rouge. Contrariée d'en être exclue, elle avait quitté la salle précipitamment, avant la fin de la cérémonie.

Et on ne la reverra pas de sitôt au parlement. Encore secouée par les événements récents, elle est depuis en congé de maladie pour un temps indéterminé. Souffrant d'épilepsie depuis des années, elle a subi des rechutes et son médecin lui a même déconseillé de conduire sa voiture. Elle doit subir des examens médicaux prochainement.

Questionnée à savoir si, dans les circonstances, elle avait entrepris une réflexion sur son avenir politique, elle ne s'est pas défilée.

« C'est le moins qu'on puisse dire », a répondu Mme Samson, qui réfléchit à son avenir, tout en donnant la priorité, cependant, à court terme, à se refaire une santé.

« C'est "toffe" la politique », résume celle qui possède un curriculum vitae impressionnant et des états de service dans l'opposition qui auraient certainement pu la qualifier pour siéger autour de la table du conseil des ministres.

Quant à comprendre pourquoi le premier ministre l'avait tassée, elle affirme n'en avoir « aucune idée ».

Élue en 2014, réélue le 1er octobre avec une forte majorité et 47 % du vote, son parcours la prédestinait pourtant à devenir ministre de la Culture et des Communications.

Avant de faire le saut en politique, Mme Samson, titulaire d'un MBA, avait été une gestionnaire de haut niveau du secteur des médias : présidente-directrice générale de l'Association québécoise de la production médiatique, directrice générale des communications et directrice générale de la programmation au réseau français de Radio-Canada, vice-présidente à la direction et chef des opérations de TQS et vice-présidente des communications à TVA.

Blessée deux fois

Reconnue pour son franc-parler, la députée d'Iberville, âgée de 63 ans, affirme avoir été doublement blessée. Non seulement a-t-elle été mise de côté lors de la formation du cabinet, mais elle affirme n'avoir reçu de M. Legault ou de son entourage « aucune explication », aucune autre proposition ou quelque prix de consolation que ce soit. Elle a juste été ignorée.

Pourtant, lors de la campagne électorale, elle rappelle qu'on avait fait appel à elle pour représenter le parti lors de débats télévisés sur la langue et la culture.

Dans l'opposition, de 2014 à 2018, elle s'est démarquée en assumant la responsabilité de porte-parole de la Coalition avenir Québec (CAQ) sur les questions de culture, communications et de promotion de la langue française.

La CAQ lui doit d'ailleurs d'avoir produit en 2016, à la demande de M. Legault, un rapport définissant la politique du parti sur la francisation des immigrants, une des priorités du chef caquiste.

Le document, intitulé « Une langue commune à tous et pour tous », était accompagné de toute une série de recommandations visant à assurer la pérennité du français au Québec et à faire de la francisation des immigrants une « véritable priorité nationale ».

Selon elle, l'importance de l'enjeu devait entraîner un vigoureux coup de barre, nécessitant notamment d'obliger les immigrants à suivre des cours de français.

Elle proposait également de créer un guichet unique pour la francisation des immigrants adultes, de placer l'Office de la langue française sous la responsabilité du ministre de l'Immigration (qui deviendrait aussi ministre de la Francisation), et de créer un poste de commissaire à la langue française relevant de l'Assemblée nationale.