Après la débâcle du 1er octobre, une «grande corvée» attend le Parti québécois, mais elle se fera «sans précipitation», a indiqué son chef intérimaire Pascal Bérubé vendredi. Il n'est pas question pour lui d'un rapprochement avec Québec solidaire, ce que certains péquistes ont rapidement suggéré après les élections.

Les 10 élus du PQ - six hommes et quatre femmes - ont été assermentés au Salon rouge de l'Assemblée nationale. Contrairement aux 10 députés de Québec solidaire, ils ont prononcé le serment à la reine en public, en y ajoutant un tout petit préambule: «D'ici à ce que le Québec soit indépendant...».

Dans son discours, Pascal Bérubé ne s'est pas défilé et a reconnu que le PQ devra faire une «grande corvée». «Il y aura de meilleurs jours pour nous et notre formation politique. Pour y arriver, nous aurons des décisions à prendre, sans précipitation et de façon ordonnée», a-t-il déclaré. Évoquer par exemple l'hypothèse d'un congrès de refondation du PQ est prématuré selon lui.

La première étape, ce sera un post-mortem électoral à l'occasion d'une conférence nationale des présidents du PQ, le 17 novembre. «On peut avoir eu des résultats qui n'étaient pas à la hauteur de ce qu'on souhaitait, mais on peut réussir un bilan», a dit Pascal Bérubé, qui a parlé d'un exercice qui se fera «avec lucidité et sans tabous».

En compagnie de plusieurs ex-élus péquistes - comme Pierre Karl Péladeau qui a refusé de parler aux médias -, l'ancien ministre Serge Ménard était parmi les invités à la cérémonie. Il avait en main une feuille sur laquelle il a inscrit, calculs à l'appui, une dizaine de circonscriptions où un député caquiste ou libéral n'aurait pas été élu si on l'additionne les voix obtenues par le PQ et QS. L'ex-ministre Réjean Hébert a proposé dans Le Devoir un mariage PQ-QS, baptisant même la nouvelle formation d'Union solidaire.

L'aile parlementaire péquiste n'a exprimé aucun intérêt à ce sujet. Une alliance a déjà été rejetée, et ce refus de QS «a mis fin au dossier», a signalé Pascal Bérubé. Cela n'exclut pas que les députés du PQ et QS puissent collaborer à l'occasion sur certains dossiers, selon lui. Pour le vétéran Sylvain Gaudreault, le PQ a «une offre différente à proposer» aux Québécois.

Pascal Bérubé a consacré une bonne partie de son discours à parler de la cause indépendantiste, «un rêve que nous n'abandonnerons jamais». «Ce projet que nous portons, il aura des retombées positives dans la vie des gens. Nous allons encore plus en parler et surtout en faire la démonstration», a-t-il ajouté.

Il a également déclaré que l'aile parlementaire péquiste fera de la lutte contre les changements climatiques «une obsession».

Le crucifix au Salon bleu

Plus tôt dans la journée, le premier ministre François Legault a indiqué que le crucifix allait rester au Salon bleu. «Il m'apparaît que la position du gouvernement est assez catégorique et surtout va à l'encontre du message qu'il veut envoyer (...) sur la laïcité», a commenté Pascal Bérubé. «Notre position, c'est de référer cette question-là au Bureau de l'Assemblée nationale et là-bas on est prêts à échanger sur cet enjeu-là. Alors, ce que je vous annonce, c'est qu'on est prêts à en débattre», du retrait du crucifix.

Lisée va «passer par-dessus»

L'ancien chef Jean-François Lisée a assisté à la prestation de serment. Battu dans Rosemont le 1er octobre, l'ex-élu a assuré qu'il se sent «très bien» dans la foulée de la défaite historique du PQ. «Je vais réussir à passer par-dessus», a-t-il simplement affirmé. Il n'a pas voulu épiloguer davantage sur le scrutin, dans lequel son parti a été réduit à 10 députés et n'a obtenu que 17% du vote populaire.

Sa présence, a-t-il dit, visait surtout à saluer l'équipe parlementaire péquiste. «Ce sont des collègues, ce sont surtout des amis, des gens pour qui j'ai beaucoup de respect, a dit M. Lisée. Je sais qu'ils vont bien servir le Québec au cours des prochaines années.»