Le rapport qu'a déposé lundi la vérificatrice générale démontre que l'équipe libérale est l'une des meilleures de l'époque moderne du Québec en ce qui a trait à la gestion des finances publiques, dit le premier ministre Philippe Couillard. Bien au contraire, il faut conclure au retour de l'austérité, prédit l'opposition péquiste.

Depuis Scott, en Beauce, où il réunissait lundi une centaine de ses candidats, trois jours avant le déclenchement des élections, M. Couillard a plaidé pour qu'on ne brise pas l'élan des libéraux.

« C'est des bonnes nouvelles pour le Québec, s'est-il réjoui. Il ne faut surtout pas briser cet élan. Il faut aller encore plus loin, [...] parler de la vie des gens, de ce qui peut rendre leurs vies meilleures, maintenant qu'on s'est donné les moyens de parler de ça aussi. »

La vérificatrice générale Guylaine Leclerc a conclu que les finances de l'État québécois étaient en bon état et que les prévisions budgétaires formulées par le gouvernement Couillard jusqu'à 2021 sont « plausibles ».

M. Couillard a rappelé que c'est son gouvernement, par souci de transparence en 2015, qui a donné le mandat au Vérificateur général de dresser désormais le portrait objectif des finances publiques du Québec avant la tenue de chaque élection générale.

Le premier ministre a aussi martelé que, grâce à son gouvernement, le Québec est maintenant mieux « armé » pour faire face à l'incertitude qui règne sur les marchés mondiaux.

« Si on n'avait pas fait cet exercice d'équilibre [budgétaire], on n'aurait pas eu les moyens de donner aux entreprises ce qu'il faut pour affronter cette période d'incertitude », a-t-il affirmé.

Retour de l'austérité

Mais du côté de l'opposition, on y voyait plutôt un retour annoncé de l'« austérité » budgétaire, a prédit le porte-parole péquiste pour les questions de finances, Nicolas Marceau.

Selon lui, la marge de manoeuvre de 950 millions de dollars n'est pas une marge de manoeuvre pour ajouter de nouveaux services en santé, par exemple, ou redonner des services qui ont été enlevés ou réduits en éducation, « ce sont les coûts de système appliqués aux services que nous avons actuellement ».

« Il n'est pas question de combler, malheureusement, ou de revenir au niveau de services auquel la population avait droit en 2014, quand le gouvernement libéral est arrivé », a-t-il jugé.

Quant au message de la vérificatrice générale voulant que les chiffres soient « plausibles », M. Marceau n'en tire pas de grande conclusion : « tout ce qu'elle dit, c'est que les additions sont correctes, les multiplications sont correctes et les prévisions de croissance économique correspondent à ce que les économistes pensent qu'il va arriver ».

Donc, « les prochaines années vont être des années d'austérité ; on va retourner à ça. Les montants de dépenses prévues dans les prochaines années sont des montants qui sont inférieurs à ce qui serait nécessaire pour reconduire les services. Donc, on retourne en austérité », a prédit M. Marceau.

Québécois pas dupes

À la Coalition avenir Québec, le porte-parole pour ces dossiers, François Bonnardel, se désole qu'on ait « mis à mal les missions de l'État » pour en arriver là.

« Le premier ministre Couillard a trahi sa parole, en début de mandat, en disant qu'il n'augmenterait pas ses tarifs au-dessus de l'inflation. Vous vous souvenez des tarifs de garderie qui ont explosé ? Même chose dans les taxes scolaires et les tarifs d'Hydro-Québec. On est allé augmenter les revenus de façon substantielle et, d'un autre côté, on a mis à mal les missions de l'État, quand la croissance des dépenses a été en bas des coûts de système, les premières années », a-t-il déploré en entrevue.

« Les Québécois ne sont pas dupes. On essaie d'acheter les Québécois avec des annonces comme on a fait dans les derniers jours, mais les Québécois sont conscients du jeu des libéraux », a opiné M. Bonnardel.