«Choquée» et «écoeurée» par les déversements sauvages à répétition de sols contaminés dans la nature, la ministre de l'Environnement Isabelle Melançon a annoncé mercredi un plan d'action pour s'attaquer au phénomène, en augmentant notamment dès maintenant de 50% les inspections sur le terrain.

«Ce n'est pas une promesse électorale, il y a des choses qui se font dès maintenant et l'augmentation des inspections, c'est à partir d'aujourd'hui», a souligné la ministre en entrevue avec La Presse.

Déversements sauvages à la campagne, risque de «mutation» chez certains animaux, infiltration des chantiers par d'anciens associés des Hells Angels, pollueurs jamais accusés malgré des années d'enquête, terres agricoles entachées, notamment à Sainte-Sophie dans les Laurentides : depuis deux ans, La Presse a fait état dans plusieurs reportages d'une véritable crise qui ébranle l'industrie de la décontamination à travers tout le Québec.

Plusieurs sources policières et du milieu des affaires confirment par ailleurs que la situation se poursuit de plus belle. Or, au moment même où des criminels exerçaient une pression sur le marché, les inspections et enquêtes du Ministère pour lutter contre les infractions diminuaient de plus en plus, selon des chiffres obtenus grâce à une demande d'accès à l'information.

«Effrayant»

La ministre Melançon, entrée en poste il y a moins d'un an, dit avoir demandé dès décembre dernier aux fonctionnaires de lui donner des idées sur la façon de s'attaquer à ces problèmes.

«Je vais le répéter, quand j'ai pris connaissance de ce qui s'était passé à Sainte-Sophie, j'étais écoeurée, j'ai trouvé ça effrayant. À un moment donné, il faut mettre le poing sur la table et dire : "Là, je veux que ça bouge, on ne peut pas laisser aller les choses comme ça"», dit-elle.

Le plan ministériel prévoit notamment, outre l'augmentation des inspections :

> Un partenariat amélioré entre la Sûreté du Québec et le ministère de l'Environnement pour traquer les criminels environnementaux.

> Le développement d'une criminalistique environnementale plus avancée, c'est à dire de techniques d'enquêtes plus avancées utilisées par les experts pour réussir à prouver les infractions.

À plus long terme, le ministère travaille à l'instauration d'une traçabilité obligatoire des sols excavés sur un terrain contaminé. Un projet pilote en ce sens est déjà testé à Montréal.

Les fonctionnaires préparent aussi le terrain pour l'adoption éventuelle de sanctions plus sévères pour les contrevenants, si le gouvernement décide d'aller de l'avant avec une telle mesure après la prochaine élection.

Ramener la confiance

La ministre dit avoir agi pour aller chercher les sommes nécessaires à certaines de ces mesures lors du dernier budget. «Je n'ai pas attendu», se félicite-t-elle, en parlant de l'urgence de «ramener de la confiance» dans cette industrie.

Elle souligne aussi la collaboration de la Sûreté du Québec, avec qui le ministère discute depuis plusieurs semaines pour améliorer l'échange d'informations en matière d'enquêtes. «On parle quand même de crime organisé», souligne-t-elle.

AP

La ministre de l'Environnement, Isabelle Melançon.