À l'aube de la campagne électorale, la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) dévoile un plan d'action visant à rendre les soins plus accessibles aux patients, voulant aussi montrer ses réalisations, au moment où la CAQ ne cache pas son intention, si elle est élue, de rouvrir l'entente que les médecins ont négociée avec le gouvernement libéral.

Cette entente a été cible de critiques, notamment en raison des sommes d'argent consenties aux médecins en tant que rattrapage salarial. La Coalition avenir Québec (CAQ) juge qu'un milliard de dollars de trop leur a été versé. Mais l'entente ne vise pas que les salaires, elle couvre d'autres aspects allant des conditions de travail au déploiement des services de santé.

Selon la présidente de la FMSQ, Diane Francoeur, une fois que la question de l'accessibilité aux soins professionnels sera réglée, la rémunération des médecins ne sera plus un cheval de bataille.

L'entente entre Québec et la FMSQ a été signée en février dernier et cette dernière a tenu un point de presse jeudi à Montréal pour montrer aux Québécois qu'elle n'a pas été oisive depuis.

Entre autres actions déployées, elle a fait valoir le jumelage entre des centres de soins manquant d'anesthésistes et d'équipes se trouvant dans de plus grands centres pour offrir un meilleur accès aux patients en région.

Elle a de plus présenté un plan pour montrer que les médecins spécialistes ont aussi planifié le futur. Dans celui-ci figurent 14 mesures comme étendre les heures d'ouverture des services d'imagerie (CT-scan et IRM) dans les centres hospitaliers, multiplier les équipes interdisciplinaires pour les patients souffrant de maladies chroniques et le lancement d'un plan de jumelage similaire à celui mis en place pour les anesthésistes en région, mais cette fois-ci pour la chirurgie générale.

Il est aussi prévu de faciliter la téléconsultation et la eConsultation, de s'assurer d'un nombre suffisant de postes en résidence pour répondre au vieillissement à venir de la population et de s'opposer à l'ouverture de cliniques privées en chirurgie.

L'entente «nous a donné des ailes», a soutenu jeudi en conférence de presse la présidente de la FMSQ, Diane Francoeur.

Selon elle, la collaboration finalement établie avec le ministère de la Santé a permis la création de ces nouvelles mesures d'accès aux soins.

Mais le ministre de la Santé, lui, a été écorché pour la signature de cette entente avec les médecins spécialistes.

La veille, lors d'un débat entre les représentants des quatre plus importants partis politiques québécois, Gaétan Barrette a déclaré que la question à se poser est de savoir si les Québécois «en ont pour leur argent».

Le Parti québécois, lui, propose d'imposer un gel de la rémunération des médecins, et, avec un mandat fort de l'électorat, de rouvrir l'entente avec les médecins spécialistes.

Mme Francoeur a indiqué que les médecins seront plus aptes à livrer des soins accessibles lors des quatre prochaines années - la durée du mandat électoral -  si elle peut mettre en place son plan de façon paisible, plutôt que de gaspiller ces années dans la bisbille.

«Une seule question se pose : voulons-nous quatre ans de confrontation à nouveau ou quatre années de collaboration avec des résultats tels que nous les avons présentés ce matin? » Poser la question, c'est y répondre, dit-elle.

Elle a d'ailleurs renvoyé la balle aux élus. Les Québécois sont très satisfaits des soins prodigués par les médecins spécialistes, soutient-elle. Mais encore faut-il qu'ils réussissent à entrer dans le système et puissent consulter ces médecins.

«Le problème, c'est l'accessibilité. Lorsqu'on l'aura réglée, on arrêtera de faire tout un plat avec la rémunération des médecins», a-t-elle soutenu.

Sur la promesse de la CAQ, elle oppose ceci: «Si M. Legault (le chef de la CAQ), s'il est élu, décide comme premier ministre, comme premier acte, de démontrer aux Québécois que la signature de l'État ne vaut rien et qu'ils veulent rouvrir notre entente, ça lui appartient.»

Des engagements ont été pris par la FMSQ dans cet accord, poursuit-elle.

«Je suis convaincue que les patients du Québec seront très heureux d'avoir une meilleure accessibilité à la médecine spécialisée et qu'ils seront mieux éclairés pour faire leur choix le 1er octobre», avance Mme Francoeur.

La FMSQ regroupe 10 000 médecins spécialistes.