Avertissement de l'Institut du Québec à l'approche des élections : les partis politiques devraient s'abstenir d'utiliser les surplus accumulés pour faire des promesses, car les finances publiques demeurent vulnérables. Le gouvernement Couillard a d'ailleurs déjà suffisamment pigé dans ce coussin financier, selon lui.

Dans une analyse des finances publiques publiée aujourd'hui, cette organisation née d'un partenariat entre le Conference Board du Canada et HEC Montréal soutient que « les finances publiques sont en ordre », mais « demeurent vulnérables » à un ralentissement économique.

Dans ce contexte, la prudence est de mise dans l'utilisation de la réserve de stabilisation, une cagnotte constituée des surplus passés, estime l'Institut.

Cette réserve s'élevait à 5,4 milliards de dollars l'an dernier. Mais le gouvernement Couillard a décidé d'en retirer 3 milliards « malgré une conjoncture économique favorable », note le rapport. Il l'a fait dans le but d'augmenter les dépenses à un niveau plus élevé que les revenus pour l'année en cours et afin de maintenir l'équilibre budgétaire pour les prochaines.

« Ils ont pigé au maximum, et on ne peut pas aller plus loin, affirme la directrice de l'Institut du Québec, Mia Homsy, en entrevue avec La Presse. Théoriquement, ça aurait été mieux de ne pas l'utiliser, mais ça peut passer. » Elle fait valoir que les prévisions économiques du gouvernement sont prudentes et qu'il est probable que le surplus de la dernière année financière soit plus élevé que prévu. « Ils ont des marges de sécurité », résume-t-elle. Mais la réserve doit normalement être utilisée « quand l'économie va mal », lorsqu'il y a des « imprévus ».

VENT D'ENTHOUSIASME

Cette réserve suscite la convoitise à l'approche de la campagne électorale, constate-t-elle. « Depuis quelques semaines, il y a un vent d'enthousiasme par rapport à l'argent disponible et tout ce que ça pourrait financer. L'impression qu'on a, c'est que vu que l'économie va bien et qu'il y a des surplus, c'est le temps de dépenser et de promettre des choses aux Québécois parce qu'on a l'argent pour le faire. Mais c'est une illusion. Parce que plus on dépense quand ça va bien, plus il va falloir qu'on coupe quand ça va mal. »

Dans son rapport, l'Institut présente le résultat de simulations de l'impact d'une récession moyenne au Québec, similaire à celle de 2008. Dans tous les cas de figure, « tout porte à croire que recourir à des compressions dans les dépenses de programmes et/ou à une hausse importante du fardeau fiscal deviendrait inévitable pour retrouver l'équilibre budgétaire ».

Pour éviter le pire, il faut contrôler l'endettement et « éviter d'accroître les dépenses de façon marquée alors que l'économie tourne à plein régime », selon l'Institut du Québec.

Il recommande ainsi de plafonner la réserve de stabilisation à 2 milliards « pour inciter le gouvernement à ne pas utiliser les surplus lors de période de croissance économique soutenue ». Les sommes excédentaires devraient servir à rembourser la dette directement. Il faut d'ailleurs poursuivre la réduction du poids de ce boulet, dit-il. Selon lui, la croissance des dépenses en santé et en éducation devrait être stable et augmentée pour tenir compte de l'inflation et de la hausse des clientèles (environ 4,2 % et 3,3 % par an, respectivement).

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Photo Olivier Pontbriand, archives La Presse

Mia Homsy, directrice de l'Institut du Québec