Le député indépendant de Brome-Missisquoi, Pierre Paradis, visé par un rapport dévastateur sur de présumés manquements à l'éthique, est bien déterminé à défendre sa réputation.

Pour prouver son innocence, l'ex-ministre de l'Agriculture, redevenu simple député après avoir été chassé du caucus libéral, a dit lundi qu'il était prêt à rendre publiques toutes les allocations qu'il avait reçues depuis qu'il a été élu député, en 1980.

La semaine dernière, dans un rapport très dur, la commissaire à l'éthique de l'Assemblée nationale, Ariane Mignolet, accusait le député d'avoir utilisé des fonds publics au profit de sa fille et de son gendre, grâce à l'allocation de logement offerte aux députés.

Elle reprochait au député de ne pas avoir collaboré à son enquête et, fait inusité, recommandait aux parlementaires d'imposer au député une sanction financière de près de 24 500 $.

En congé de maladie depuis un an et demi, M. Paradis disposait de cinq jours pour défendre sa cause devant ses collègues à l'Assemblée nationale, avant qu'ils se prononcent sur ce dossier lors d'un vote en Chambre.

Vu son état de santé précaire, il est cependant peu probable qu'il se présente au parlement, où il n'a pas mis les pieds depuis janvier 2017.

Lundi, M. Paradis a plutôt choisi d'intervenir sur la place publique en publiant un communiqué, dans lequel il clame son innocence et affirme avoir collaboré à l'enquête de la commissaire à l'éthique, contrairement à ce qu'elle prétend.

M. Paradis continue de soutenir qu'en aucun moment il n'a excédé les allocations de logement autorisées par l'Assemblée nationale et qu'il n'a « retiré aucun profit personnel de son logement ou des allocations fournies, par exemple en achetant une propriété et en bénéficiant de la plus-value accumulée au fil du temps, même si la pratique est permise ».

Il souligne n'avoir reçu aucune allocation depuis qu'il est en convalescence, soit en janvier 2017, à la suite d'une violente commotion cérébrale, et insiste pour dire qu'il n'a « commis aucun manquement éthique en habitant avec sa famille ».

Il reproche à la commissaire de lui imposer une sanction « sans précédent » en vertu de règles qu'elle dit par ailleurs vouloir changer.

Selon l'enquête menée par la commissaire, M. Paradis a utilisé son allocation pour louer à Québec, entre février 2009 et mai 2012, un appartement à Québec dans lequel habitaient sa fille, son gendre et leur enfant. Une chambre lui était réservée.

Toutefois, ni le nom de sa fille ni celui de son gendre n'apparaissait sur le bail de l'appartement, pour lequel il recevait une allocation tournant autour de 1200 $ par mois. Ceux-ci se trouvaient ainsi à être logés gratuitement aux frais de l'État.

Puis, en mai 2012, la fille et le gendre de M. Paradis avaient acheté un condominium, toujours à Québec, non loin du parlement. Le député de Brome-Missisquoi avait alors signé un bail mensuel de 1300 $, comme locataire, situation qu'il a continué de déclarer jusqu'à la vente du condominium par sa fille et son conjoint, en décembre 2015, mais seul le nom de son gendre apparaissait au bail et non celui de sa fille.

Encore là, le condominium était aussi habité par le jeune couple et le loyer payé par l'État couvrait la quasi-totalité de l'hypothèque.

« Le député semble avoir eu l'intention de cacher sa situation », écrit la commissaire dans son rapport.

M. Paradis a remis en question l'impartialité de Mme Mignolet, faisant valoir qu'elle avait déjà travaillé avec la personne qui avait porté plainte contre lui pour son allocation de logement. De surcroît, cette personne était la même plaignante qui avait porté plainte contre lui pour une allégation d'inconduite sexuelle, qui n'avait cependant mené à aucune accusation après enquête.

Pierre Paradis avait été écarté du caucus libéral, qu'il n'a toujours pas réintégré, en raison de ces allégations d'inconduite sexuelle.