Il n'y a pas que le conseil d'administration de Bibliothèque et Archives nationales du Québec qui a vu ses recommandations ignorées par le gouvernement Couillard. Le choix du conseil de la Société d'habitation du Québec (SHQ), pour son nouveau président, est resté lettre morte.

Selon les informations de La Presse, le conseil d'administration de la SHQ a payé près de 25 000 $ pour confier un mandat à un chasseur de têtes pour le choix d'un nouveau président en 2017. Après des semaines de travail, la firme avait retenu la candidature de Claude Foster, un ingénieur, déjà président de l'Office d'habitation de la Ville de Québec.

La direction de la Société d'habitation du Québec avait donné lieu à un bras de fer entre l'ancien ministre responsable, Martin Coiteux, et son prédécesseur Pierre Moreau, avait rapporté La Presse à l'époque. M. Coiteux avait délogé le président Michel Gagnon, un protégé de M. Moreau. Le processus pour choisir un nouveau président avait été amorcé par M. Coiteux, mais c'est Lise Thériault, à qui on avait confié l'Habitation en octobre 2017, qui avait reçu la recommandation du conseil de la SHQ.

Heureux d'être choisi par le conseil, M. Foster a vite déchanté toutefois quand il s'est rendu compte que le gouvernement ne souhaitait pas le nommer. Après cinq mois d'attente, sans réponse du gouvernement, il a envoyé une lettre à la ministre Thériault, pour lui signifier que l'emploi ne l'intéressait plus.

À la fin janvier 2018, Mme Thériault a fait nommer Mme Guylaine Marcoux, qui assurait l'intérim depuis quelques mois. Mme Marcoux avait été dans le passé employée politique aux cabinets de Nathalie Normandeau (Affaires municipales) et de Julie Boulet (déléguée aux Transports). Elle était depuis 10 ans employée par la SHQ. Elle avait même eu une entrevue avec la firme de recruteurs, qui avait malgré tout préféré la candidature de M. Foster.

«Je voulais quelqu'un qui soit en poste rapidement, efficace immédiatement», a expliqué Mme Thériault à La Presse hier. Mme Marcoux connaissait l'organisme et son choix faisait consensus parmi les organismes liés à la SHQ, souligne-t-elle. Surtout, un ministre n'est pas obligé d'appliquer la recommandation qui émane d'un conseil d'administration, souligne-t-elle, «ultimement, c'est le ministre qui est responsable», ajoutant qu'elle ne savait pas, au moment de la nomination, que Mme Marcoux avait déjà travaillé dans un cabinet politique.

Même scénario qu'à BAnQ

La situation à la Société d'habitation du Québec est un copier-coller de ce qui est survenu à Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ). Le conseil d'administration avait procédé à des recommandations de candidats après être passé par un chasseur de têtes, une facture de 30 000 $.

Or, la ministre responsable, Marie Montpetit, a fait fi des propositions du conseil et choisi Jean-Louis Roy, un mandarin de 77 ans, pour diriger la Grande Bibliothèque, sans direction depuis un an. Devant ce développement, le président du conseil d'administration, Martin Carrier, a démissionné la semaine dernière.