Sébastien Proulx ne croit pas que des directions d'école gonflent les notes de certains élèves, ce qui irait à l'encontre d'une directive qu'il a émise il y a plus d'un an pour que cette pratique cesse.

Le ministre de l'Éducation a réagi mercredi à la publication d'une enquête menée par la Fédération autonome de l'enseignement (FAE) auprès de ses membres. Dans ce coup de sonde, près de 11% des enseignants ont affirmé subir des pressions pour modifier les résultats de certains élèves.

« La directive que j'ai mise en place a eu ses effets. (...) Il ne doit pas y avoir de manipulations [de notes]. Ça a été dit et redit, et je ne crois pas qu'il y en ait. S'il y en a, il faut que ça cesse », a affirmé M. Proulx lors d'une mêlée de presse à Québec.

« J'ai fait ce que j'avais à faire. J'ai exprimé [l'an dernier] par une directive que la loi devait s'appliquer », a réitéré le ministre. Cette directive, envoyée en mai 2017, stipule que « les modifications de notes dans le but d'atteindre des cibles de réussite ne sont pas tolérées. » 

À la période des questions, questionné par le Parti québécois (PQ), le ministre a ajouté que « les enseignants ont de l'autonomie, mais [qu'il] n'est pas anormal de voir une directrice ou un directeur d'établissement [discuter] avec un enseignant de la progression d'un enfant. » 

Peu d'amélioration, estime la CAQ 

Le porte-parole en matière d'éducation pour la Coalition avenir Québec (CAQ), Jean-François Roberge, estime pour sa part que la directive émise par le ministre n'est pas efficace. 

« Il met de la pression sur les commissions scolaires, sur les directions d'école et sur les enseignants [pour atteindre des cibles de réussite], puis il s'étonne de voir des notes gonflées. C'est n'importe quoi. Il fait tout ce qu'il faut pour que ça arrive », a-t-il dit à La Presse

En 2017, dans un sondage Léger, 37 % des membres de la FAE affirmaient qu'on « leur avait déjà demandé de modifier le résultat obtenu par un ou plusieurs de leurs élèves ou qu'un résultat avait déjà été modifié sans leur accord ». Cette année, 11 % des enseignants disent toujours subir des pressions pour modifier des notes, puis affirment que la principale raison invoquée est pour « donner une chance aux élèves ».

« Pour moi, c'est juste une question de traitement statistique. Je ne crois pas en l'efficacité de la directive, surtout qu'on continue [à gonfler les notes] au ministère de l'Éducation (...), puisqu'à 58% ou 59%, c'est automatiquement gonflé » à la note de passage, a dit le député caquiste.

Pour Carole Poirier, porte-parole du PQ en matière d'éducation, certains élèvent « ne maîtrise pas le contenu de base » et progressent malgré tout d'une année à l'autre « pour atteindre les cibles de réussite » fixées par Québec.

« Le ministre, ce qui est important pour lui, c'est de gonfler les notes pour atteindre ses cibles », a-t-elle dit au Salon bleu.