Le président de l'Assemblée nationale, Jacques Chagnon, dit regretter le «ton employé et la tournure» d'une mêlée de presse jeudi dans les corridors du Parlement à Québec.

À un journaliste de Radio-Canada qui lui demandait si le coût des bouteilles de vin allait apparaître dans les comptes sur les missions à l'étranger, M. Chagnon a répondu qu'il allait être inclus dans le montant global. Le journaliste a alors insisté en redemandant s'il ne «sera pas détaillé», et c'est alors que le président a répondu: «et puis le coût du teinturier pour vos petites culottes non plus», en esquissant une petite moue.

L'incident a été diffusé sur les médias sociaux et est rapidement devenu viral. Bien que le ton des mêlées de presse soit parfois corsé à l'Assemblée nationale, il est très rare néanmoins que des élus apostrophent ainsi des représentants des médias.

Vendredi, dans un communiqué officiel de l'Assemblée nationale, M. Chagnon a dit regretter «le ton employé et la tournure de la mêlée de presse», sans toutefois préciser s'il regrette nommément les propos tenus.

Le président souligne par ailleurs que la présentation des rapports de mission sera modifiée de façon à mieux ventiler les coûts.

Rappelons que l'Assemblée nationale a fait l'objet de critiques pour son manque de transparence dans sa reddition de comptes.

Le président avait déjà reconnu qu'il «payait la traite» à des députés lors de missions à l'étranger, tandis que des élus avaient indiqué, sous couvert de l'anonymat, qu'il exagérait.

Le communiqué rappelle que le Bureau de l'Assemblée nationale (BAN) - le conseil d'administration qui regroupe des élus de trois formations reconnues - a demandé à l'administration de lui «présenter les réformes à apporter quant à une divulgation plus explicite de toutes les dépenses relatives au rôle de député, ce qui implique de faire l'inventaire des pratiques des parlements canadiens et d'ailleurs».

L'étude sera présentée aux whips des différents partis d'ici la prochaine rencontre du BAN et au mieux au cours d'une réunion, si possible cet été, peut-on lire.

Une fois que les meilleures pratiques auront été relevées, elles seront mises en oeuvre dans tous les volets de la fonction de député, dépenses des bureaux de circonscription, logement des élus à Québec, missions à l'étranger, poursuit-on.

Élu sans interruption depuis 1985 dans la circonscription de Westmount-Saint-Louis, le député libéral Jacques Chagnon n'a pas encore annoncé officiellement s'il allait se représenter aux élections du 1er octobre.

Rappelons que l'Assemblée nationale est souveraine. Elle est l'organe du pouvoir législatif, indépendant du gouvernement, qui est le pouvoir exécutif.

Couillard s'abstient

C'est d'ailleurs derrière cette indépendance que s'est réfugié le premier ministre Philippe Couillard pour éviter de commenter l'affaire lors d'une mêlée de presse, vendredi, à l'issue d'une rencontre avec des gens d'affaires de la Montérégie, à Saint-Jean-sur-Richelieu.

Lorsque les journalistes lui ont demandé s'il estimait que les propos de M. Chagnon étaient dignes d'un parlementaire et d'un président de l'Assemblée nationale, M. Couillard a répondu: «Justement, pour ça, je ne ferai pas de commentaires».

«Je veux qu'on réalise tous que ce n'est pas du gouvernement dont il est question ici, c'est de l'Assemblée nationale. C'est à l'Assemblée nationale de se gouverner; il y a le bureau de l'Assemblée nationale où les députés sont là avec le président pour discuter de ces questions et c'est à eux et à elles d'en débattre», a-t-il expliqué, ajoutant qu'il est «très attaché à la séparation des pouvoirs».