Un gouvernement Legault prolongerait de Brossard jusqu'à Chambly le Réseau express métropolitain (REM), le futur train de banlieue de la Caisse de dépôt et placement (CDPQ).

Plus encore, il mandaterait la Caisse pour étudier un prolongement qui irait jusqu'à Boucherville, dans le corridor de l'autoroute 30, tandis qu'un raccord à la station de métro Longueuil serait envisagé avec un autre train léger, par le boulevard Taschereau.

C'est ce qu'a appris La Presse canadienne, qui a mis la main jeudi sur le plan de transport de la CAQ qui porte sur la Montérégie, une zone qui fera incidemment l'objet de chaudes luttes aux élections du 1er octobre.

D'autres segments de ce vaste plan qui couvre toute la région métropolitaine et qui est piloté par le député Benoit Charette seront dévoilés ultérieurement.

L'élu caquiste fera une présentation officielle de son plan vendredi dans un forum des élus de la Rive-Sud, qui traitera du transport en commun.

La CAQ n'a pas voulu dévoiler tout de suite le montage financier et le calendrier précis de son projet, mais assure que le plan est «réaliste». Le coût du REM actuel avoisine les 7 milliards pour 67 km, soit environ 105 millions du km, donc une simple extrapolation pour une quarantaine de km supplémentaires permet d'estimer une facture de plus de 4 milliards.

La formation de François Legault estime toutefois que le coût sera inférieur à 4 milliards, selon ce qu'elle a affirmé en soirée.

Comme le parti a déjà fait savoir qu'il saborderait le projet de la ligne rose du métro de Montréal s'il prenait le pouvoir, il affirme que cette décision lui permettrait de dégager une marge de manoeuvre financière destinée à ses autres visées en banlieue.

Le parti de François Legault laisse entendre que des mesures additionnelles en transport privilégieront plus particulièrement Montréal.

L'axe Brossard-Chambly

La CAQ soutient s'être appuyée sur des études et des consultations pour proposer une prolongation du REM jusqu'à Chambly, bien au-delà du terminus projeté de Brossard, 22 km plus loin.

Un gouvernement caquiste voudrait ainsi désengorger le secteur du carrefour des autoroutes 10 et 30, qui est déjà achalandé avant même la construction du terminal Rive-Sud du REM à proximité.

Ce tronçon emprunterait l'axe de l'autoroute 10 sur une emprise qui n'est pas utilisée par un autre train, donc qui permettrait un service permanent, sans recourir à des expropriations considérables, plaide-t-on à la CAQ.

«C'est quelque chose qu'on pourrait prioriser et développer rapidement», a laissé entendre une source caquiste proche du dossier.

Un éventuel gouvernement Legault demanderait donc directement à la Caisse, qui est propriétaire et exploitante du REM, de réaliser cette nouvelle phase, en lui garantissant du financement pour la construction, mais aussi pour l'exploitation.

En effet, la Caisse a obtenu le versement par les pouvoirs publics d'un tarif de 0,72 $ du passager-km pour garantir son profit de 8 %, et le gouvernement actuel s'est déjà engagé à raison de 240 millions $ par an pour y arriver.

L'équipe Legault solliciterait par ailleurs le fédéral pour qu'il collabore dans la phase de construction.

L'axe Brossard-Boucherville

Dans un second temps, un cabinet Legault mandaterait la Caisse pour réaliser des études sur une autre antenne du REM qui couvrirait la Montérégie d'ouest en est, de Brossard à Boucherville/Sainte-Julie, en longeant l'autoroute 30.

Cette portion ferait elle aussi plus d'une vingtaine de kilomètres et permettrait de soulager l'A30, qui est «très congestionnée», a souligné notre interlocuteur. Les intersections avec la 20 et la 116 pourraient notamment comporter des stations.

Enfin, dans un souci d'intégrer les différents réseaux de transport, la CAQ soumettrait aussi un autre scénario, soit de raccorder le REM avec un autre train léger, par l'emprise du boulevard Taschereau, à la station Longueuil-Université de Sherbrooke, le terminus de la ligne jaune du métro de Montréal.

Ce raccord représente seulement 7 km et est plus simple à concrétiser qu'un prolongement de la ligne de métro, a argué notre source caquiste.

Enfin, un gouvernement caquiste ajouterait une voie à l'autoroute 30 pour la réserver au transport en commun, incluant le covoiturage, pour régler rapidement une partie des problèmes d'embouteillage.

Électoraliste?

La Coalition avenir Québec se défend d'être électoraliste, même si son plan ambitieux couvre des circonscriptions très convoitées par tous les partis, dont certaines sont déjà actuellement représentées par des élus caquistes, nommément Chambly et Montarville.

«Non, aucunement, ce n'est pas du tout un calcul politique, a répondu l'interlocuteur de la CAQ. Le REM est la formule la plus économique pour couvrir le plus grand territoire possible.»

Il fait valoir que la CAQ veut ainsi soulager Montréal, où une bonne partie de la congestion est causée par les banlieusards.

Quant à savoir de quelle nature sont les pourparlers déjà entrepris avec la Caisse, la CAQ a préféré rester vague.

«Le plan est le fruit de plusieurs consultations et il y a de nombreux groupes, à leur demande expresse, qui ont préféré ne pas être cités, je ne dis pas que c'est le cas de la Caisse, mais on ne révélera pas les discussions.»

Le REM est un projet de près de 7 milliards, financé à hauteur de 3 milliards par la Caisse, tandis que Québec et Ottawa fournissent 1,3 milliard chacun, et Hydro-Québec plus de 300 millions.

Le REM comprend une grande ligne allant de la couronne nord (Deux-Montagnes) à la Montérégie (Brossard) en passant par l'île de Montréal, ainsi que deux segments vers l'ouest de l'île, pour un total de 26 stations.