À quelques mois des élections provinciales, un important regroupement de centrales syndicales, de scientifiques, d'organisations environnementales et d'associations professionnelles interpellent les partis politiques pour demander une « transformation de l'État québécois » afin de s'attaquer aux questions du climat et du développement durable.

La liste de signataires de cette démarche intitulée « Le climat, l'État et nous », inclut notamment la CSN et la FTQ, l'Ordre des urbanistes du Québec, la Fondation Suzuki, Greenpeace, l'Association francophone pour le savoir (ACFAS) et une trentaine de scientifiques.

« On veut amener l'environnement en haut de la liste. Quand il y a des élections, on parle de santé, de santé et de santé, et, accessoirement, d'éducation. La question environnementale est très rapidement balayée sous le tapis », estime Pascale Biron, professeure et directrice du département de géographie, d'urbanisme et d'environnement de l'Université Concordia et l'une des instigatrices du projet.

Selon les signataires, l'incapacité du Québec à atteindre ses cibles de réduction de gaz à effet de serre et à négocier d'autres enjeux liés au développement durable n'est pas due à un manque de moyens technologiques, d'argent, ni même de volonté politique.

« La volonté, on la voit, elle est là autant du côté des citoyens que du gouvernement. On n'a pas affaire à des gens en déni. Mais il y a un problème de structure », dit Mme Biron, qui a lancé l'initiative avec le physicien Normand Mousseau.

UNE GOUVERNANCE À REVOIR

Le groupe estime ainsi qu'il faut revoir la gouvernance québécoise afin que les questions environnementales ne soient plus confinées au ministère de l'Environnement, mais qu'elles s'insèrent au coeur des décisions importantes de l'État, comme celles touchant les transports, l'aménagement du territoire et les dossiers économiques. Ses fondateurs ont eux-mêmes pondu une structure de gouvernance formée d'une Agence du développement durable sous laquelle on retrouverait un « comité d'experts » et un « commissaire au développement durable ». Leur déclaration, lancée dans l'espace public hier soir, n'en fait toutefois pas mention.

« On ne veut pas avoir l'air de prétendre qu'on a la solution et on veut laisser aux partis politiques le soin de faire leurs propres propositions », explique la professeure Biron.

Les fondateurs de l'initiative refusent de verser dans le défaitisme. « Certains pays ont trouvé le moyen de se doter de structures de gouvernance en environnement qui fonctionnent, et il faut s'en inspirer », ajoute Mme Biron. Elle cite le cas de la France et surtout de l'Angleterre, dont le système parlementaire semblable au nôtre pourrait servir de modèle, selon elle.

Outre l'atteinte des cibles de réduction des gaz à effet de serre, les signataires estiment qu'une meilleure gouvernance permettrait de mieux gérer des enjeux comme la qualité de l'eau et les inondations.

Photo Alain Roberge, La Presse

La liste des signataires de cette démarche intitulée « Le climat, l'État et nous », inclut notamment la CSN et la FTQ, l'Ordre des urbanistes du Québec, la Fondation Suzuki, Greenpeace, l'Association francophone pour le savoir (ACFAS) et une trentaine de scientifiques.