Les militants libéraux de la circonscription de Saint-Maurice n'étaient pas prêts à travailler pour Julie Boulet, estime le député Pierre Giguère, qui remplace au pied levé la ministre du Tourisme qui a annoncé lundi qu'elle ne serait pas candidate dans la nouvelle circonscription de Laviolette-Saint-Maurice.

« Les gens qui étaient avec moi, il faut comprendre qu'il y avait 20 ans qu'il n'y avait pas eu de député libéral dans Saint-Maurice. Ce sont des bénévoles que j'étais allé chercher, c'est compréhensible qu'ils soient réticents à appuyer Mme Boulet. Ils étaient affichés avec moi », de souligner M. Giguère en entretien à La Presse.

Au surplus, Mme Boulet était surtout implantée dans le secteur de Saint-Tite, Mékinac et Lac-au-Sable, autant de localités qui seront désormais dans la circonscription de Champlain.

Pierre Giguère soutient ne pas être amer de la façon dont les choses s'étaient passées, le printemps dernier. Julie Boulet avait alors joué du coude pour obtenir la candidature de la circonscription fusionnée, aux dépens de M. Giguère. Lundi, Philippe Couillard a rappelé que « la loyauté envers Mme Boulet s'imposait » puisqu'elle était élue depuis 17 ans.

Les relations entre le premier ministre et Julie Boulet n'étaient pas au beau fixe. Mme Boulet était ministre déléguée à la Santé sous M. Couillard quand la pharmacienne avait dû quitter le Conseil des ministres pour avoir distribué des dosettes, contrairement à la loi. Réintégrée, elle avait été envoyée aux Transports, loin de son ancien ministre de tutelle. Lors de la course à la direction du Parti libéral du Québec (PLQ), elle avait appuyé Pierre Moreau.

Volte-face ?

Mme Boulet représente Laviolette depuis 2001. Elle a été élue six fois par les électeurs de cette circonscription de la Mauricie. « La politique a occupé une place importante dans ma vie, mais le rythme effréné, les horaires exigeants, la très grande disponibilité nécessaire pour bien faire mon travail m'ont amenée à prendre cette difficile décision », a-t-elle dit en conférence de presse, lundi matin.

Mme Boulet semblait pourtant résolue à briguer un nouveau mandat. Au cours des derniers mois, elle avait livré un bras de fer à Pierre Giguère, dont la circonscription de Saint-Maurice va fusionner avec Laviolette. Au printemps, elle souhaitait se représenter, rappelant notamment à ses proches qu'elle avait vendu sa pharmacie et n'avait pas d'autres activités professionnelles en vue.

Le premier ministre Philippe Couillard avait tranché en faveur de Mme Boulet en février, disant vouloir éviter les divisions internes.

Des hauts et des bas

Au fil des ans, Julie Boulet a occupé différentes fonctions au sein du gouvernement, notamment comme ministre des Transports, ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale et ministre du Tourisme. À bien des occasions, elle avait laissé entendre qu'elle pourrait quitter la politique. Un rapport du vérificateur avait très durement critiqué sa gestion aux Transports. Elle avait eu beaucoup de fil à retordre lors de sa comparution devant la commission Charbonneau ; elle soutenait ne pas se souvenir d'un quota de financement de 100 000 $ pour les ministres, affirmation qui, clairement, avait laissé incrédule la commission.

Elle est responsable du Tourisme depuis janvier 2016. À ce poste, elle a pris une décision importante : aller de l'avant avec la construction d'un nouveau toit pour le Stade olympique. Elle est également depuis de nombreuses années la ministre responsable de la région de la Mauricie.

Circonscription remodelée

La circonscription de Laviolette a été remodelée de fond en comble en vue des élections du 1er octobre. Elle a été amputée de plusieurs municipalités rurales, où Mme Boulet était très populaire. Saint-Tite, la ville d'origine de Mme Boulet, connue pour son important festival western, est notamment passé dans la circonscription de Champlain.

Le départ de la ministre survient alors que son frère, Jean Boulet, devrait confirmer sa candidature pour la Coalition avenir Québec dans la circonscription de Trois-Rivières. La semaine dernière, le parti de François Legault a dévoilé une autre candidature de prestige en Mauricie, celle de Sonia LeBel. Lorsqu'elle était procureure à la commission Charbonneau, Mme LeBel avait interrogé Mme Boulet lors d'un témoignage fort remarqué.