Préoccupé par l'appui de la communauté anglophone, le premier ministre Philippe Couillard accédera à une attente clairement exprimée. Hélène David n'atterrira pas dans la circonscription de Westmount-Saint-Louis, mais plutôt dans Saint-Laurent. Après 30 ans, les militants libéraux de Westmount auront finalement leur candidat issu de la communauté anglophone.

L'élection de Mme David comme candidate libérale dans la circonscription laissée vacante par Jean-Marc Fournier ne faisait pas de doute. La circonscription de Westmount restera à coup sûr libérale. Mais les organisateurs du Parti libéral du Québec (PLQ) ont bien senti la pression mise par la Coalition avenir Québec pour se trouver des alliés dans la communauté anglophone. François Legault a tenté sans succès de convaincre la mairesse de Westmount, Christina M. Smith, de porter les couleurs de son parti aux élections du 1er octobre.

L'association libérale de Westmount, présidée par Adam Ludovsky, a bien fait sentir « sa volonté d'avoir un candidat anglophone » lors d'une rencontre récente avec celui qui, depuis 1985, les représente à l'Assemblée nationale, Jacques Chagnon. Ce dernier ne fera connaître qu'à la fin de la session parlementaire, le 15 juin, sa décision quant à son avenir, mais il paraît acquis qu'il ne sollicitera pas un nouveau mandat. 

L'association libérale souhaiterait un candidat-vedette, mais issu de la communauté anglophone. Il semble qu'il n'y ait pas de nom évident en coulisses.

Mme David devait atterrir dans Westmount, après que sa circonscription d'Outremont s'est retrouvée fusionnée à celle de Mont-Royal, où compte se représenter Pierre Arcand. Déjà, la communauté anglophone n'avait pas apprécié cette première opération, commandée par une commission indépendante sous la responsabilité du Directeur général des élections.

À plusieurs reprises dans les derniers mois, le premier ministre Couillard a dû rappeler à la communauté anglophone qu'elle n'était pas tenue pour acquise par le PLQ. En novembre, au dernier congrès du parti, la direction avait consenti à faire passer une résolution enjoignant au gouvernement d'évaluer chacune de ses décisions à l'aune de son impact sur la communauté anglophone.

Un peu plus tôt, M. Couillard avait annoncé la création d'un secrétariat dévolu à la communauté, et en avait confié la responsabilité à la ministre Kathleen Weil. L'organisation aura 25 millions de subventions pour les six prochaines années. Mais au congrès de novembre, l'aile plus radicale des anglophones au sein du PLQ avait tenté un coup de force, en vain. Un débat intense s'était élevé sur la proposition d'un groupe anglophone d'être servi en anglais dans les services publics.

Hier, rapidement, les chefs des trois principaux partis se sont dits d'accord avec la tenue d'un débat télévisé des chefs en langue anglaise dans la prochaine campagne électorale. Un tel rendez-vous serait une première.

Julie Boulet en réflexion

Les rumeurs de départ dans les rangs libéraux ont perduré hier. David Heurtel, qui ne sollicitera pas un nouveau mandat selon les sources de La Presse, est entré au caucus des députés en refusant de répondre aux questions des journalistes. Même sur le parquet du Salon bleu, il s'est contenté de dire qu'il était «en réflexion» aux collègues qui l'interrogeaient sur ses intentions. Même attitude du côté de Laurent Lessard, titulaire de l'Agriculture. Il soutient que sa décision n'est pas arrêtée; ses collègues confient qu'il ne sera pas de la prochaine campagne.

Une autre qui est en «réflexion» : Julie Boulet, qui avait joué du coude pour conserver la nouvelle circonscription de Laviolette-Saint-Maurice, éjectant du même coup son collègue de Saint-Maurice, Pierre Giguère. Irritée par l'exécution sommaire de son député, l'organisation de M. Giguère va faire faux bond à Mme Boulet.

Au surplus, Mme Boulet est, dit-on, sérieusement embêtée par l'intention de son frère avocat, Pierre, de devenir candidat caquiste dans Trois-Rivières. Il était son conseiller lors de sa comparution devant la commission Charbonneau. Leurs relations sont plutôt froides, même s'ils se sont retrouvés ensemble aux funérailles récentes de l'ex-ministre libéral André Bourbeau.

Au surplus, les changements de délimitations de la circonscription lui font perdre plusieurs localités plus rurales comme Mékinac, où Mme Boulet est très populaire.

Mais jusqu'ici, personne ne se risque à prédire la décision qu'elle prendra, la ministre de la Mauricie ayant dans le passé hésité bien souvent quant à son avenir politique.