Vedette économique du gouvernement Couillard, Martin Coiteux veut quitter la politique. Il ne sollicitera pas de nouveau mandat, ont indiqué plusieurs sources fiables à La Presse. Il a d'ailleurs convoqué une conférence de presse à 14h30 afin de faire le point sur son avenir politique.

Joint hier, le principal intéressé s'est limité à dire : « En temps et lieu, j'aurai l'occasion d'éclaircir tout cela. » Député de Nelligan depuis avril 2014, Martin Coiteux avait été l'un des derniers à se décider à faire le saut en politique - quelques jours seulement avant le début de la campagne électorale. Il faut rappeler que la charte des valeurs de Bernard Drainville, proposée par le gouvernement Marois, avait été le déclencheur qui avait convaincu ce professeur de HEC Montréal de faire le saut en politique.

Des sources proches du ministre des Affaires municipales et de la Sécurité publique ont précisé : « Le suspense ne durera pas très longtemps. » La carrière politique de Martin Coiteux sera toujours liée à son passage au Conseil du trésor, une période où le gouvernement libéral a comprimé de façon draconienne la croissance des dépenses pour arriver à l'équilibre budgétaire. M. Coiteux était aussi au centre des négociations avec le secteur public, des discussions ardues mais qui se sont terminées sans conflit.

À la Sécurité publique et aux Affaires municipales, il a été au coeur de l'intervention de Québec pour les propriétaires sinistrés par les inondations. Pour les municipalités, deux avancées majeures : il a fait adopter les projets de loi consacrant le statut de métropole à la ville de Montréal et fait législativement de Québec la capitale nationale.

Avec un succès divers, il s'était attaqué au port de l'uniforme par les policiers et avait fait adopter un projet de loi promis par Lise Thériault. Son intention d'encadrer les chiens dangereux est toujours en suspens à l'Assemblée nationale.

Il faisait partie, avec le ministre des Finances Carlos Leitão et le regretté Jacques Daoust (Développement économique, puis Transports), du trio économique recruté par Philippe Couillard pour la campagne de 2014. M. Coiteux - fréquent chroniqueur radiophonique - s'était fait remarquer par un agenda plutôt proche de la Coalition avenir Québec.

En coulisses, on explique que la conjointe de M. Coiteux était loin d'être enthousiaste à l'idée qu'il fasse un nouveau mandat - son élection comme candidat libéral de Nelligan ne faisait aucun doute. En outre, a expliqué un membre du gouvernement, il est clair que financièrement, le sort réservé aux élus ne s'améliorera pas dans les prochaines années - Ottawa a déjà annoncé que des allocations deviendront imposables et Québec solidaire s'est opposé à ce qu'on hausse les traitements pour compenser. Un autre élément, les changements aux règles, fait qu'un élu ne peut bénéficier de son allocation de transition - une année de salaire - s'il part au milieu d'un mandat.

D'AUTRES DÉPARTS

Le départ de Martin Coiteux va s'ajouter à d'autres, plus prévisibles. Déjà en novembre 2017, La Presse indiquait que le président de l'Assemblée nationale, Jacques Chagnon, annoncerait son départ à la fin de la session parlementaire. La mauvaise presse dont il a fait l'objet, sur le coût excessif de ses réceptions et de ses voyages, n'aura pas contribué à le faire changer d'idée. M. Chagnon a été élu sans interruption dans Westmount-Saint-Louis depuis 1985. Avant d'accéder à la présidence de l'Assemblée - élu par ses pairs -, il avait été ministre de l'Éducation sous Daniel Johnson et de la Sécurité publique sous Jean Charest.

Un autre départ est pratiquement acquis, même si le principal intéressé paraît indécis : Geoffrey Kelley tirerait sa révérence - cet ancien employé politique de Claude Ryan avait été élu une première fois en 1994. Il est depuis 27 ans dans l'orbite de l'Assemblée nationale et, événement important, sa conjointe prend sa retraite cette année. Le député de Jacques-Cartier a toujours été associé aux Affaires autochtones.

Laurent Lessard, ancien maire de Thetford devenu titulaire de l'Agriculture, est aussi en réflexion. La date d'une investiture éventuelle est toujours en suspens. Dans son cas, la campagne dans une circonscription au coeur du Québec, et la lutte contre la Coalition avenir Québec, paraît peser lourd dans sa décision.

Un autre départ avait surpris la colline Parlementaire : Jean-Marc Fournier, un vétéran, avait annoncé en février dernier qu'il ne solliciterait pas un nouveau mandat. Il restera toutefois comme conseiller de Philippe Couillard durant la campagne électorale.

On spéculait sur le départ de Rita De Santis, dans Bourassa-Sauvé. L'organisation du PLQ retenait sa décision quant à sa candidature, même si la députée la réclamait depuis des semaines. Mme De Santis obtiendra bientôt la date de son investiture. Un peu dans le même cas, Kathleen Weil a longtemps attendu la date de sa convention dans Notre-Dame-de-Grâce. On lui a donné récemment le feu vert pour le 10 juin.

Le parcours de Martin Coiteux

1993-2012

Professeur à HEC Montréal

2012-2014

Représentant principal du Québec à la Banque du Canada

7 AVRIL 2014

Élu député libéral de la circonscription de Nelligan

23 AVRIL 2014

Nommé président du Conseil du trésor

28 JANVIER 2016

Nommé ministre des Affaires municipales et de l'Occupation du territoire, ministre de la Sécurité publique et ministre responsable de la région de Montréal à la suite d'un remaniement ministériel

- Fanny Lévesque, La Presse