Le ton a vite monté hier entre Philippe Couillard et François Legault lors de la commission parlementaire chargée de scruter les crédits du conseil exécutif, le ministère du premier ministre.

Après une sortie sur les disparités entre les taux de taxe scolaire dans les régions du Québec, le chef de la CAQ a demandé à Philippe Couillard « comment [il pouvait] se montrer la face au Saguenay-Lac-Saint-Jean », où l'on retrouve les taux les plus élevés.

« Franchement, un peu de respect ! », a répliqué, clairement piqué, M. Couillard, député de Roberval. Pour la CAQ, le gouvernement devrait uniformiser le taux de taxe scolaire partout au Québec, ce qui supposerait une ponction de 700 millions dans le Trésor public. Le gouvernement a opté pour une réduction de la taxe scolaire basée sur le taux le plus bas de la région - une mesure qui a coûté 672 millions. Pour Philippe Couillard, il serait « irresponsable » de procéder à une autre baisse, qui toucherait la qualité de l'enseignement.

« Quand je vais dans la région, ce que j'entends, c'est qu'ils ne veulent pas de la droite dure. [Les électeurs des régions] veulent un gouvernement équilibré », a-t-il soutenu, précisant que les agriculteurs y penseraient à deux fois avant d'appuyer un parti dont un candidat vedette - l'économiste Youri Chassin - préconisait l'abolition de la gestion de l'offre en agriculture.

Pour François Legault, la réforme choisie par Québec débouche sur des iniquités injustifiables. En Abitibi, on paie 10 cents, au Saguenay, on paie trois fois plus, relève-t-il. À Terrebonne, dans une même rue, deux maisons voisines paient des taux très différents ; la première est sur le territoire de la commission scolaire de la Seigneurie-des-Mille-Îles, l'autre est sur celui de la commission scolaire des Affluents. « Une, c'est 10 cents du 100 $ d'évaluation, l'autre, 27 cents, plus de deux fois plus... Que dit le premier ministre au propriétaire qui n'a pas gagné à la loterie libérale ? », a lancé M. Legault. « Comment le premier ministre peut-il se regarder dans le miroir ? », a poursuivi le chef caquiste.

L'impact des compressions

Le chef péquiste Jean-François Lisée n'était pas en reste. Après avoir illustré l'impact négatif des compressions budgétaires sur les plus vulnérables de la société, il a dénoncé l'attitude « paternaliste et condescendante » adoptée par M. Couillard la veille à l'endroit de la jeune péquiste Catherine Fournier, députée de Marie-Victorin.

En commission parlementaire, elle avait relevé que sur 11 nominations de jeunes de moins de 35 ans à des conseils d'administration de sociétés d'État, six avaient des liens avec le PLQ. Piqué par les attaques de la jeune élue - elle a 26 ans -, M. Couillard s'était dit « excessivement déçu d'entendre la plus jeune députée de l'Assemblée se comporter de cette façon. [Il pensait] entendre de sa part la politique faite autrement ».

« Je nie totalement toute allusion au paternalisme, a répliqué M. Couillard. Il faut aller aux faits. Il y a eu 47 nominations de jeunes de moins de 35 ans depuis 2014, on a soulevé six cas. »

De surcroît, l'une des nominations décriées par l'opposition était celle de la fille d'un député libéral fédéral. Cette dernière avait été victime d'un grave accident de la route, ce qui justifiait sa nomination au conseil de la Société d'assurance automobile, a-t-il souligné.

Sur l'ensemble des nominations faites par son gouvernement, on retrouve dans seulement 3,5 % des cas des gens associés au PLQ ayant bénéficié d'une première nomination, un bilan qui se compare avantageusement à ce qui avait été fait durant le bref gouvernement Marois, a noté M. Couillard.