Le gouvernement Couillard a promis de trouver une nouvelle manière d'enquêter sur la collecte de données personnelles par les partis politiques, jeudi, après que le Directeur général des élections (DGEQ) eut refusé de se pencher sur la question.

La ministre responsable de la Réforme des institutions démocratiques, Kathleen Weil, a affirmé avoir besoin de plus de temps pour trouver une formule appropriée. Elle dit chercher un « véhicule » qui sera « indépendant, crédible » pour mener à bien la vérification.

« Il y a des choses qu'on peut faire pour la prochaine élection, a expliqué Mme Weil. C'est ça l'objectif : c'est pour la prochaine élection, une mesure qui ferait en sorte de rassurer la population par rapport au fait que la confidentialité de leurs informations personnelles est bien protégée. »

Mme Weil devait présenter une motion, jeudi, pour demander au DGEQ de vérifier si la collecte de données des partis politiques était légale. Mais avant même que le texte soit soumis à l'Assemblée nationale, celui-ci a refusé, faisant valoir qu'aucune loi n'interdit formellement cette pratique. Prise de court, Mme Weil a retiré sa motion.

La ministre ne ferme pas la porte à des changements législatifs ou réglementaires, mais affirme qu'une telle avenue nécessiterait un long processus parlementaire. Elle espère donc qu'une vérification indépendante des pratiques des partis permettra de rassurer les électeurs dans la foulée du scandale Facebook-Cambridge Analytica qui ébranle le Royaume-Uni et les États-Unis.

Plus tôt en matinée, le député de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, a dénoncé le « cafouillage » de la ministre Weil.

Pour une deuxième journée consécutive, il a présenté une motion appelant les partis politiques à rendre publiques leurs ententes avec des entreprises offrant un service de récolte de données numériques. Comme ce fut le cas mercredi, le gouvernement Couillard a refusé de l'appuyer.

« On a un gouvernement qui a installé un doute et qui refuse de le dissiper et qui noie le poisson en parlant de processus, de véhicule, de toutes sortes de choses, sauf, en fait, de ce qui pourrait déjà régler une partie du problème », a déploré M. Nadeau-Dubois.

La vice-cheffe du Parti québécois, Véronique Hivon, a pour sa part affirmé qu'il est possible pour les parlementaires de convenir de balises claires sur l'utilisation des données personnelles avant les élections d'octobre. 

« Si on voulait s'attaquer précisément à cette question-là, je pense que ce serait tout à fait envisageable, a-t-elle dit. Mais, comme le DGEQ le dit lui-même et comme on le constate nous-mêmes avec ce qui s'est passé aujourd'hui puis le refus, hier, du gouvernement de consentir à la motion, il n'y a aucune volonté de la part du gouvernement. »

-Avec la collaboration d'Hugo Pilon-Larose