Québec investit 900 000 $ pour combattre l'inconduite sexuelle dans le milieu culturel, un secteur dans lequel les travailleurs contractuels sont particulièrement vulnérables, selon le gouvernement.

«Le milieu culturel a une réalité qui est quand même propre, beaucoup de travailleurs atypiques ou travailleurs autonomes, donc c'est sûr que le fait d'être à contrat rend beaucoup plus difficile la dénonciation», a expliqué la ministre de la Culture et des Communications, Marie Montpetit, en conférence de presse, vendredi à Montréal

«C'est un petit milieu où les gens se connaissent», a ajouté la ministre, qui était accompagnée de sa collègue de la Condition féminine, Hélène David.

Dans le cadre de cette stratégie, le gouvernement souhaite aider les victimes, mais aussi sensibiliser les travailleurs sur ce phénomène.

D'abord, 360 000 $ seront remis à l'Union des artistes (UDA), qui a mandaté la clinique Juripop pour établir un guichet unique venant en aide aux victimes d'inconduites sexuelles. L'objectif de Juripop est d'embaucher une avocate à temps plein dès la fin de l'été pour qu'elle écoute les victimes et qu'elle les conseille pour la suite.

«L'objectif du guichet unique, c'est de combattre le sentiment d'impunité qui régnait auparavant. C'est certain que quelqu'un qui souhaite se libérer de son silence, on va l'encourager et le soutenir», a expliqué Sophie Gagnon, directrice générale de Juripop.

«Ce qu'on réalise, c'est que des fois, la menace, le spectre des poursuites en diffamation peut faire taire certaines personnes, on va les réconforter là-dedans.»

Québec souhaite aussi agir en matière de prévention. Ainsi, les 540 000 $ restants seront octroyés à l'Institut national de l'image et du son (INIS) pour qu'il développe des formations qui seront offertes à l'ensemble du secteur culturel.

Ces formations serviront à «prévenir, mieux gérer et ultimement faire disparaître les gestes d'agression sexuelle et de harcèlement», a expliqué l'organisation.

La somme annoncée par les ministres Montpetit et David fait partie de l'enveloppe de 25 millions $ que le gouvernement Couillard avait promise en décembre dernier pour s'attaquer en général au phénomène de l'inconduite sexuelle.

Sophie Prégent et Michel Desjardins, qui dirigent l'UDA et l'INIS, ont tous deux salué cet investissement «important» du gouvernement qui selon eux «a compris l'importance et l'ampleur du problème».

«Aujourd'hui, deux autres étapes importantes sont franchies grâce à l'aide financière du gouvernement du Québec», a déclaré Mme Prégent.

«Aucune solution n'est parfaite. Mais par un ensemble de mesures, par une approche globale du problème, nous pouvons faire une énorme différence. Souhaitons-nous que par nos actions, nous arrivions à réduire de façon significative l'achalandage au guichet unique», a ajouté M. Desjardins.