Le premier ministre Philippe Couillard défend les monopoles obtenus par le Réseau express métropolitain (REM) de la Caisse de dépôt et placement, qui veut régner sans partage sur de vastes pans de la grande région de Montréal.

La Presse canadienne a obtenu un projet d'entente confidentiel mercredi qui prévoit que le REM obtient des zones de monopole condamnant les services de transport en commun existants et qui oblige à rabattre la clientèle vers ses gares.

De vastes bassins de non-concurrence ont ainsi été définis sur la rive sud, sur la rive nord, ainsi qu'au centre-ville de Montréal même.

Dans un point de presse à Hemmingford jeudi, le premier ministre a déclaré que le REM était voué à l'échec s'il n'y avait pas eu de monopole. Il a répondu par l'affirmative aux journalistes qui lui demandaient s'il était logique qu'on accorde au REM ces monopoles sur des territoires qui sont plus vastes que ce qu'il couvre.

«Bien sûr, parce qu'il n'y aurait pas eu de projet sinon», a-t-il répondu.

M. Couillard a convenu que d'autres projets pouvaient être présentés à l'Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM), qui coordonne le transport en commun dans la région. Cependant, ils sont pratiquement condamnés d'avance.

«Tout autre projet devra être soumis à l'ARTM, mais on ne peut pas voir un projet qui va faire la même chose que le REM, clairement», a-t-il conclu.

«Artificiellement rentable»

L'opposition péquiste s'est insurgée, à la période de questions, des avantages obtenus par le REM dans le document de travail confidentiel avec l'ARTM.

«Tout ça, pour rendre le REM artificiellement rentable, pour le transformer en machine à siphonner de l'argent, a tonné le porte-parole péquiste en transports, Martin Ouellet, en faisant ensuite un jeu de mots avec la Caisse de dépôt. Nouveau slogan: tout le monde dans le train, on passa à la caisse!»

En point de presse peu après, le député de René-Lévesque a déploré que le modèle d'affaires de la Caisse passe par la création d'un monopole, l'élimination de la concurrence, et le rabattage des passagers peu importe leur proximité avec les gares du REM.

Il prédit que d'autres projets d'intermodalité ou de transport ne pourront être développés dans les prochaines décennies en raison de la préséance du REM. Selon lui, c'est le citoyen qui est le grand perdant, alors que le projet du REM est censé se mettre en branle dès le mois prochain.

«L'important, ce n'est pas où les citoyens veulent aller, mais c'est où les amener, c'est les amener vers le REM», a dénoncé à ses côtés sa collègue, la députée de Pointe-aux-Trembles, Nicole Léger, en regrettant que tout l'est de Montréal a été négligé par le projet de la Caisse.