Le Parti québécois (PQ) accuse la Caisse de dépôt et placement du Québec de « s'engager dans le débat politique » et d'avoir « garroché » un chiffre, en ayant affirmé hier que mettre au rancart le projet de Réseau express métropolitaine (REM) engendrerait une perte de 1 milliard en compensation aux entreprises qui ont signé des contrats pour fournir le matériel roulant.

« Si la Caisse veut entrer dans le débat, je l'y invite, mais [qu'elle le fasse] de façon rigoureuse et structurée », a martelé mercredi à l'Assemblée nationale le chef péquiste Jean-François Lisée. 

« Qu'elle nous arrive avec des chiffres et qu'elle en fasse la ventilation. J'ai l'impression qu'il y a ici une opération de défense de son projet. La Caisse est juge et partie », a poursuivi M. Lisée. 

Hier, à Montréal, le chef de l'opposition officielle a présenté dans un point de presse son projet de « Grand Déblocage », qui prévoit remplacer une bonne partie du REM - un projet conjoint entre le gouvernement du Québec et la Caisse de dépôt et placement - par un réseau régional de 21 projets de trains, intégrant également des autobus « express » et des tramways. 

« On est prêt à une transition [entre le REM et le Grand Déblocage] avec un coût significatif parce que les résultats [de notre projet] sont significatifs », a affirmé mercredi M. Lisée, précisant que son parti ferait une « vérification diligente du coût réel du retrait du REM » advenant une victoire électorale le 1er octobre prochain.

Avec le projet du REM, « la Caisse a livré la commande de Couillard », a dit le chef péquiste, ajoutant que la société d'État a « proposé le mode de transport le plus cher au monde, avec un "skytrain", (...) qui siphonne des milliards de dollars qui seraient beaucoup mieux utilisés ailleurs. » 

Un « jeu dangereux », craint Fortin 

Le « Grand Déblocage » péquiste serait ainsi financé en récupérant les investissements publics de 6,4 milliards voués au REM, dont 3 milliards sont financés par la Caisse. Si celle-ci ne souhaite plus s'investir dans ce nouveau plan régional de transport, le PQ affirme qu'il se tournerait vers des subventions fédérales et le Fonds vert du gouvernement du Québec, entre autres.

Pour le ministre des Transports, André Fortin, le Parti québécois joue à un « jeu dangereux » avec la proposition qu'il a dévoilé mardi.

« La seule chose que j'ai vue qui a été garrochée dernièrement, c'est le plan du Parti québécois qui me semble être écrit très rapidement sur un coin de table. Je trouve que c'est un jeu dangereux dans lequel s'aventure le PQ. Quand on met en doute l'indépendance de la Caisse, on met un doute dans la tête des investisseurs. Et ça, c'est un jeu qui est extrêmement dangereux pour les rendements de la Caisse », a-t-il affirmé, mercredi, lors d'une mêlée de presse. 

Mais pour Gabriel Nadeau-Dubois, co-porte-parole de Québec solidaire (QS), le REM « est un mauvais projet » et s'il faut en annuler des parties « pour mettre sur pied un meilleur projet de transport en commun, on va le faire. »

« Enfin, au Québec, il y a une pluralité de propositions en matière de transport collectif. (...) C'est une bonne nouvelle. Depuis trop longtemps, on fait des débats sur les autoroutes », s'est-il réjoui, sans pour autant donner son appui au « Grand Déblocage » puisque QS présentera son propre plan au cours du printemps.