La famille de Christiane Vadnais, cette Montréalaise « dévorée vivante par un pitbull à Pointe-aux-Trembles » en juin 2016, supplie les politiciens de « mettre la politique de côté » et d'adopter le projet de loi qui interdirait les pitbulls au Québec pour des raisons de « sécurité publique ».

Entourée de sa famille, qui s'est déplacée en nombre, mardi à l'Assemblée nationale, Lise Vadnais, soeur de la défunte, a déposé un mémoire dans lequel elle souhaite « démontrer la dangerosité hors-norme des pitbulls » et « déboulonner un après l'autre » les arguments de ceux qui veulent qu'on s'éloigne de la question de la race des chiens pour se concentrer plutôt sur l'éducation de leurs propriétaires.

« C'est certain qu'on aurait voulu que [le projet de loi] soit adopté beaucoup plus rapidement, mais il n'est pas trop tard et on a beaucoup espoir que les politiciens vont mettre la politique de côté et [opter] pour la sécurité publique », a dit Mme Vadnais mardi.

Dans son mémoire, qui s'inscrit dans un débat « émotif et houleux », prévient-elle, Lise Vadnais s'en prend particulièrement à ceux qui disent qu'il n'y a pas de mauvaises races de chiens, mais seulement de mauvais maîtres.

« Il est très important d'arrêter de faire croire aux gens que tous les chiens sont gentils s'ils ont de bons maîtres. L'éducation ne prévient pas tous les drames », écrit-elle.

« Les pro-pitbulls semblent complètement incapables de recul sur la situation. Ils sont tellement convaincus qu'ils mettent en doute chacune des nouvelles tragédies en les nommant de "fake news". Ils réagissent un peu comme les membres d'une secte qui ont subi un lavage de cerveau », poursuit-elle.

UN PROJET DE LOI « POLARISANT », ADMET COITEUX

Le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, admet pour sa part que son projet est « polarisant ». « Mais on va en consultation parce qu'on veut aller de l'avant », a-t-il toutefois affirmé mardi, sans toutefois s'engager clairement à ce que la loi éventuellement adoptée interdise les pitbulls.

« Je ne sais pas si c'est possible de trouver un consensus très large, mais il est peut-être possible de trouver un point de ralliement du plus grand nombre », a-t-il souhaité, mardi, lors d'une mêlée de presse.

« Mon rôle comme ministre de la Sécurité publique, c'est de m'assurer qu'en fin de parcours, on aura le meilleur régime d'encadrement possible qui assure la sécurité des personnes », a ajouté M. Coiteux.

Le maire de Laval, Marc Demers, a pour sa part « la ferme conviction que le comportement d'un chien est généralement dicté par l'attitude ou le comportement de son propriétaire ou de son gardien », selon les propos qu'il a tenus en commission parlementaire, mardi, dans un témoignage s'inscrivant en partie contre les opinions soutenues par la famille Vadnais.

« La race de chien militaire la plus connue, ce sont les bergers allemands. Ils sont utilisés par les services de police et les armées à travers le monde. Pourtant, [on ne milite pas pour] qu'ils soient bannis », a souligné le maire lavallois, vantant les mérites d'une réglementation municipale qu'il a fait adopter et qui oblige les propriétaires de « tous les types de chiens, du chihuahua au pitbull », à les tenir en laisse et à clôturer convenablement leur cour arrière, entre autres.

De passage en commission parlementaire, la présidente de l'Ordre des médecins vétérinaires du Québec, la Dre Caroline Kilsdonk, a de son côté réitéré mardi qu'elle souhaitait voir Québec adopter des mesures pour le « long terme », comme l'éducation des propriétaires et des normes plus strictes afin de contrôler les éleveurs de chiens. Plus tôt ce mois-ci, le président de la Fédération québécoise des municipalités, Jacques Demers, qui était de passage à Québec mardi, avait pour sa part préconisé une approche « minimale » pour encadrer les chiens dits dangereux afin de « préserver l'autonomie des villes ».

Les auditions publiques de la commission parlementaire sur le projet de loi 128 encadrant les chiens se poursuivent aujourd'hui et demain au Salon rouge.