La Coalition avenir Québec (CAQ) a formellement enterré sa proposition de réduire les cotisations au Fonds des générations, hier. Le chef François Legault estime que cette mesure n'est plus nécessaire en raison des importants surplus engrangés par Québec.

En janvier 2016, la CAQ avait proposé de réorienter une partie des surplus budgétaires versés au Fonds des générations. Cette stratégie devait financer une baisse d'impôt de 500 $ pour chaque Québécois gagnant moins de 150 000 $.

Or, a confirmé M. Legault en point de presse, un éventuel gouvernement caquiste ne mettra pas en oeuvre cette proposition.

« Ce qu'on avait demandé, à l'époque, c'est que si c'était nécessaire de réduire certains versements pour rembourser cet argent qui avait été pris dans le portefeuille des familles, on était ouverts à le faire », a expliqué M. Legault.

« Aujourd'hui, il y a des surplus. On parle d'un surplus de 2,9 milliards de dollars. Donc, il n'y a plus de nécessité d'aller toucher aux versements », a dit le chef de la CAQ.

Un gouvernement caquiste laisserait donc intact le financement du Fonds, créé en 2006 et qui totalise aujourd'hui 13,7 milliards. Québec prévoit y verser 2,8 milliards cette année, une somme qui provient entre autres de redevances d'Hydro-Québec, de revenus miniers et d'une taxe sur l'alcool.

Quant à la proposition caquiste de baisser les impôts, elle a été partiellement exaucée par le gouvernement Couillard lors de sa dernière mise à jour économique en novembre, indique-t-on dans l'entourage de M. Legault. Le parti proposera d'autres mesures d'allègement fiscal pour les familles d'ici aux élections d'octobre.

« DÉTOURNEMENT DE FONDS »

Quelques heures plus tôt, le premier ministre Philippe Couillard a lancé une mise en garde à peine voilée à la CAQ. Il a sommé ses adversaires politiques de ne pas utiliser le Fonds des générations à d'autres fins que le remboursement de la dette.

« Ce serait une catastrophe, a prévenu M. Couillard. Le jour où c'est annoncé par un parti politique, la cote de crédit du Québec vient instantanément de fléchir. »

« Le Fonds a été créé pour réduire la dette, a renchéri le ministre des Finances, Carlos Leitão. Ce serait un véritable détournement de fonds si on prenait ces fonds pour les mettre ailleurs. »

RARE MOMENT DE COMMUNION

Le gouvernement a confirmé son intention de puiser 10 milliards dans le Fonds d'ici cinq ans pour accélérer le remboursement de la dette, comme l'avait rapporté La Presse hier.

Cette annonce a donné lieu à un rare moment de communion à l'Assemblée nationale. Le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, et celui de la Coalition avenir Québec, François Legault, ont tous deux applaudi la mesure.

M. Lisée fait valoir que la stratégie permettra à terme de réduire le service de la dette de 1 milliard par année.

« Nous considérons que ça permet de dégager, sur cinq ans, 1 milliard de plus qu'on peut investir en services ou en infrastructures. C'est une bonne chose », a dit Jean François Lisée.

Québec solidaire propose pour sa part de mettre fin aux versements annuels de Québec au Fonds des générations afin de financer les services publics.

« Ce qu'il faut, c'est de ne pas agrandir la dette intergénérationnelle en laissant nos écoles se détériorer, en n'offrant pas le niveau de soutien au niveau de l'enseignement à nos jeunes, en ne laissant pas un environnement [...] complètement catastrophé à cette génération à venir », a indiqué la députée solidaire Manon Massé.

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LE FINANCEMENT DU FONDS DES GÉNÉRATIONS (2018-2019)

• Redevances hydrauliques d'Hydro-Québec et de producteurs privés - 787 millions 

• Indexation du prix de l'électricité - 245 millions

• Contribution additionnelle d'Hydro-Québec - 215 millions

• Revenus miniers - 241 millions

• Taxe spécifique sur les boissons alcooliques - 500 millions

• Biens non réclamés - 30 millions

• Revenus de placement - 816 millions

• TOTAL DES VERSEMENTS : 2,8 milliards