Un groupe de personnalités qui comprend d'anciens politiciens et deux ex-directeurs généraux des élections presse les partis de l'opposition de respecter leur promesse de réformer le mode de scrutin.

Le collectif qui s'est associé mercredi au Mouvement démocratie nouvelle (MDN) comprend le co-fondateur de l'Action démocratique du Québec, Jean Allaire, l'ex-leader de Québec solidaire Françoise David et l'ancien chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe. Il rassemble aussi Jean-Pierre Kingsley, ancien Directeur général des élections à Ottawa, et Marcel Blanchet, qui a été son homologue à Québec. L'homme d'affaires Alexandre Taillefer s'est également associé à la démarche.

Le groupe veut profiter de l'année électorale pour rappeler aux partis de l'opposition qu'ils se sont tous prononcés en faveur d'un mode de scrutin proportionnel mixte régional. Le vice-président du MDN, l'ex-ministre de la Réforme démocratique Jean-Pierre Charbonneau, dit vouloir s'assurer que cette prise de position commune se transformera en engagements concrets.

« Il faut que les citoyens sentent que les partis sont sérieux, résume M. Charbonneau. Et quand on est sérieux, on fait en sorte que ça devienne un enjeu électoral majeur, on en parle souvent et on réitère les engagements de façon solennelle. »

Il rappelle que plusieurs partis politiques ont promis de réformer le mode de scrutin au fil des ans, avant d'y renoncer une fois au pouvoir. Il cite en exemple le Parti libéral, le Parti québécois et, plus récemment, le Parti libéral fédéral de Justin Trudeau.

Le MDN s'estime donc en droit d'afficher un certain scepticisme devant les promesses de l'opposition.

« On va essayer de créer un mouvement jusqu'aux élections qui va faire en sorte que les partis vont se sentir surveillés, interpellés, dit M. Charbonneau. Ils vont comprendre qu'on est un peu méfiants après tant d'années où on nous a promis des changements et que, ces changements, on les a oubliés quand ils sont arrivés au pouvoir. »

Le groupe prône la mise en place d'un mode de scrutin proportionnel mixte qui tiendrait compte du poids des régions. Cette formule prévoit qu'environ les deux tiers des députés seraient élus selon le mode actuel, chacun représentant une circonscription électorale. Le reste serait désigné en fonction du nombre de votes reçus par chaque formation politique à l'échelle du Québec.

Il serait ainsi possible de corriger les distorsions causées par le mode de scrutin uninominal à un tour qui prévaut maintenant. À titre d'exemple, le Parti libéral a obtenu 42% des suffrages aux élections de 2014, mais il occupe 56% des sièges à l'Assemblée nationale. En 1998, le Parti québécois a formé un gouvernement majoritaire même si les libéraux avaient obtenu 28 000 votes de plus.

En décembre 2016, le Parti québécois, la Coalition avenir Québec, Québec solidaire et le Parti vert ont signé une déclaration commune en faveur du mode de scrutin proportionnel mixte. Le Parti libéral est le seul à ne pas avoir appuyé la démarche.